
Dans quelques jours, je devrais, si tout va bien (la météo du moment reste très incertaine), être au départ du téléphérique de l’aiguille du midi, afin de rejoindre le sommet du mont Blanc dans la journée. Après mon expérience dans l’hymalaya indien, il sera temps de commencer mon experience alpine.
J’ai tenté de faire un petit condensé de la littérature quant à la préparation pour un tel objectif. Pour rappel, l’ascension demande quand même de pouvoir faire plus de 1500 m de dénivelé positif, dans la neige ou sur la glace à plus de 3000 m.
Préparation physique
Même si l’ascension du mont Blanc depuis Chamonix est interdite aux guides et à leurs clients (info à vérifier), le dénivelé à parcourir pour atteindre le sommet, parfois dans des conditions métérologiques pas faciles, n’est pas à prendre à la légère.
Une bonne condition physique est donc indispensable, elle permettra de pallier, dans une certaine mesure, au manque d’acclimatation et de mieux apprécier l’ascension.
Une habitude aux efforts longue durée, marche à pied, jogging vélo, etc. …, permettra de mieux gérer l’effort. Le must serait d’enchaîner plusieurs randonnées en montagne de 1000 à 1500 m de dénivelés positifs dans les semaines qui précédent l’ascension. Il faut garder en mémoire que la plupart des accidents se déroulent à la descente. L’attention se relâche à cause de l’euphorie d’avoir réussi le sommet et la fatigue accumulée à la montée se fait sentir. Trop souvent, les descentes se transforme en calvaire.
Acclimatation
A 4800 m, la pression partielle en oxygène est réduite de moitié par rapport au niveau de la mer. Si en arrivant du niveau de la mer, le risque de manquer le sommet à cause du manque d’acclimatation à l’altitude est non négligeable. Maux de tête, nausée, jambes en coton sont les symptômes d’une mauvaise acclimatation. Une bonne acclimatation, en revanche, permet à l’organisme de fabriquer en surnombre des globules rouges, plus vigoureux, sur lequel pourront se fixer les molécules d’oxygène indispensables à tout exercice physique en altitude.
L’aspirine peut aider à calmer les maux de cranes lors d’un mal des montagnes mais il ne soulagera que les effets, sans s’aider à améliorer l’état du patient. Il faudra donc arrêter de monter et redescendre rapidement. Le risque n’est autre qu’un oedème cérébral ou pulmonaire, engendrant un coma qui sera fatal si le sujet n’est pas redescendu rapidement.
Un médicament nommé Diamox (acétazolamide) retarde l’apparition du MAM en stimulant la ventilation.Il n’est efficace qu’en prévention et doit être pris 24 à 48 heures avant la montée en altitude. La posologie recommandée du Diamox est de 1/2 comprimé matin et soir. Il doit être prescrit par un médecin.
Expérience
Beaucoup tentent le mont Blanc sans expérience, comme une première ascension de haute-altitude et parfois le réussissent. C’est pourquoi ce sommet à la réputation d’être « facile », bien qu’il soit classé peu-difficile dans les cotations officielles. Cependant, il faut garder à l’esprit que cette cotation ne s’applique que lorsque les conditions sont optimales. Elle peut varié selon la météo, la période de l’année, la condition physique, le nombre de personnes, le type de matériel embarqué… Ainsi, les conditions de la montagne peuvent rendre certains passages très verglacés, et l’arête finale est aigue. C’est pourquoi il est conseillé de réaliser un stage « initiation » avant de tenter un tel sommet. On y apprendra à manier le piolet, marcher avec les crampons, s’encorder, s’assurer, sortir quelqu’un d’une crevasse… (c.f. cours de glace ici et ici)
Les différentes voies d’approche
- La voie normale : Autrement appelée « voie royale » ou « voie du Gouter » ou encore « voie de l’arête des Bosses ». C’est la voie normale, par le refuge du Gouter. Il s’agit de l’itinéraire le plus rapide et le plus “facile” (le risque est toujours présent) dans sa technique d’approche.
- La voie historique : Par les Grands Mulets et le Grand Plateau. Cette itinéraire offre une dénivelée de 1763m, ce qui représente un risque d’abandon non négligeable. La présence des Séracs sur cette voie augmente le risque sur cette dernière …
- Les Grands Mulets : Cet itinéraire est assez fréquenté de la fin de l’hiver au début du printemps par les randonneurs à ski. Départ depuis le Plan de l’Aiguille (2317 m) pour passer sous la face Nord de l’Aiguille du Midi, puis traversée du glacier des Bossons, refuge des Grands Mulets, direction du Grand Plateau et du refuge Vallot et jonction avec l’itinéraire de la voie normale pour les 450 mètres de dénivelée restant. La descente (à pieds ou à skis) se faisant par le même itinéraire.
- Les 3 Monts : La traversée des 3 Monts Blancs est souvent apparentée à une seconde voie normale. Cet itinéraire débute au sommet de l’Aiguille du Midi (3842 m) pour se poursuivre par l’ascension de l’épaule du mont Blanc du Tacul, le Mont Maudit, les Rochers Rouges et enfin le sommet. Cette course peut se réaliser dans la journée en prenant le premier téléphérique vers 6h15 (horaire à vérifier) vers l’aiguille du midi mais demande une très grande condition physique. Très souvent, le refuge des Cosmiques situé sous l’Aiguille (dans sa face sud) est une étape obligée. Un petit réveil aux aurores et c’est parti pour plusieurs heures de marche au dessus de 4000 mètres d’altitude.
Les refuges
- Refuge du Gouter : 04 50 53 40 93
- Refuge de tête rousse : 04 50 58 24 97
- Refuge des cosmiques : 04 50 54 40 16
- Refuge des grands mulets : 04 50 53 16 98
- Refuge Gonella : 00 39 165 88 51 01
Le matériel
Les pieds : Cela va sans dire que c’est à pied que l’on va monter… on apportera le plus grand soin.
- Chaussures de haute-montagne, déjà rodées, chaudes et pas trop serrées.
- Chaussettes chaudes.
Les mains :
- une paire de gants chauds
- éventuellement sous-gants
- éventuellement une paire de rechange.
- En option, une paire de sur-moufles, à laisser dans le fond du sac, au cas où !
Le corps : principe multi-couches
- sur pantalon et surveste de type Gore-Tex
- sous-vêtements en textile (pas de cotons, ça garde la transpiration, qui risque de geler…)
- une polaire
- un petit rechange
La tête : là-haut sur la montagne, la capuche n’est pas un luxe.
- un bonnet (les oreilles a gèle)
- une paire de lunette haute protection plus éventuellement un masque.
Matériel technique :
- crampons à attaches rapides qu’on aura pris soin de régler avant le départ.
- un piolet (60 à 70 cm.), éventuellement batons de skis
- un baudrier – un casque pour la montée au Gouter
- une lampe frontale avec piles neuves et piles de rechanges (proscrire les accumulateurs… qui ne tiennent pas dans le froid)
- un sac à dos (50l.)
- une gourde ou thermos ou les deux , (camel-bag à proscrire… le froid risque de faire geler l’eau dans le tube)
- vivres de course pour soutenir l’effort
- une couverture de survie
- éventuellement une petite « doudoune »
- éventuellement des broches à glace, mousquetons, cordelettes, auto-bloquants, sangles…
- une corde de 60 m et de 8.5 mm de diamètre.
Petite pharmacie contenant :
- aspirine
- diamox
- somnifère léger (pour la montée en 2 jours)
- crèmes solaire et labiale haute-protection
- Elastoplast (en prévention des ampoules, de quoi faire un strapping pour une cheville ou réparer du matériel cassé)
- compeed (pour réparer les ampoules)
Les conditions et la météo
Au mont Blanc, le vent vient souvent de l’ouest. Ainsi, on a le vent dans le dos en montant. On suit la trace et lorsque le temps devient vraiment trop mauvais, on se retourne et progressivement, on se rend compte que la trace à disparue, et là, c’est le drame ! Une carte, la boussole et l’altimètre peuvent alors s’avérer indispensables pour retrouver son chemin.
Sur d’autres itinéraires, les pentes du Tacul et du Maudit ne sont pas anodines. Ce sont des pentes sous le vent ou, par mauvais temps, se forment des plaques instables sur lesquels des traces sont faites.
Même par beau temps, le vent est une composante importante à prendre en compte : 80km/h de vent est une limite maximum à ne pas dépasser sur l’arete sommitale.
Pour les conditions météo : faut voir cela ici. (mise à jour chaque jour en été, 3 fois par jours en hiver)
Il est aussi intéressant de lire les comptes-rendus des dernières tentatives/réussites réalisées les jours précédents, par exemple sur le site » Camp2Camp « .
Les numéros de secours
Le 112 (numéro d’urgence européen), en précisant son identité, l’endroit, l’itinéraire, la nature de l’accident, le nombre et l’état des victimes, les secours adéquats seront prévenus.
Le PGHM de Chamonix : 04 50 53 16 89. On peut envoyer des SMS à ce numéro, ne pas hésiter à être le plus précis possible, c’est peut-être le seul SMS qui pourra être envoyé (batteries, froid…) Des coordonnées GPS serait un must si possible.
On peut aussi joindre le PGHM sur la fréquence radio 154,4625 Mhz.
Si vous vous arrêtez pendant plusieurs longues minutes hors d’un itinéraire classique, n’hésitez pas à avertir le PGHM. Il se pourrait que l’on vous croit en mauvaise situation et que quelqu’un déclenche les secours « pour rien » du coup !
On the net
topo Camp2Camp : à lire ici
sources : un peu partout sur le net...
Salut !
Tu va faire quelle voie ?
On l’à fait avec mon épouse en 2008 jusque Vallot par la voie normale (arrêt cause grêle…)
Puis refait en 2009 jusqu’au sommet ce coup-ci en montant par la voie normal (nuit au goûter) et en redescendant par les 3 monts.
L’ascension par la voie normale n’est pas difficile physiquement ne te fait pas de soucis (même ma femme qui ne court pas et ne randonne pas bc l’a trouvé facile). Pas difficile par le fait que le D+ n’est finalement pas très élevé depuis le goûter et surtout parce que tu passe pas bc de tps au dessus de 4000m, donc le MAM ne se manifeste pas, ou pas bien fort.
Par contre par les 3 monts c’est une autre histoire : tu es longtemps au dessus de 4000m et ça, ça te fous un gros coup de frein et potentiellement un bon mal de crâne 🙂 Rien d’insurmontable je te rassures.
Pour le Mam, le meilleure remède reste l’hydratation… boire boire et boire. Bc plus qu’à l’habitude et même la nuit. Juste en buvant (et avec 1/2 diamox par jour), on a fait le kili avec mon epouse… sans aucune douleur au crâne… mais on s’envoyer 4 litre par jour chacun. 4 litre d’eau + 1/2 diamox = 10 pipi par jour mini mais aucun mal de crâne.
Pour le mont blanc, pas besoin de diamox.
A noter que tout cela c’est comme tu dis en cas de bonne condition météo.
Si jamais le récit de notre ascension en 2009 est ici : http://tercan.martinsfamilly.fr/?p=460
A+ et bonne balade !!!
vu la météo de ces jours …. on va tenter la voie des 3 monts dans la journée… enfin, si le guide se décide à bien vouloir y aller ! (et c’est pas gagné)
Concernant le diamox, je l’avais gardé en mode « au cas où » quand j’étais dans l’hymalaya…. j’avais oublié que c’était à prendre en prévention et non pendant si ca devait arriver et j’ai chopé un MAM attroce à 6160 m (m’en manquait 15 pour faire le sommet), du coup, maintenant, j’essaie de mettre toutes mes chances de mon côté ! mais tu as raison, il faut boire énormément sinon pour éviter ce petit inconvénient (et pas du thé, ça déshydrate à la longue)
J’avais lu tes récits, ca donne envie !
le petit truc de parisien en plus : prendre un bon gros rouleau de scotch « duck tape » et en enrouler 2 morceaux d’un mètre sur le manche du piolet.
ça gène pas la prise en main; ça collera aussi bien, et ça peut réparer une veste / pantalon ouverte par un rocher ou coup de crampon mal placé, un sac, etc…
Bonne ballade !
pas bête ce truc de Parisien ! comme quoi….
Yep
Je ne comprends pas cette partie :
Même si l’ascension du mont Blanc depuis Chamonix est interdite aux guides et à leurs clients (info à vérifier)
Tu voudrais partir du bas, dans la vallée ?
Ben quitte à monter au sommet, autant partir de tout en bas non ? 🙂
C’est un véritable petit guide qui tu viens de nous écrire là 🙂 En effet, il ne faut pas prendre à la légère ces ascensions en altitude. Mais toi, tu sais déjà tout ou presque, si tu es allé dans l’Hymalaya 😉
Je te souhaite donc une très belle ascension, en espérant que la météo sera de ton côté !
c’est le but… écrire un petit guide pour être sur de ne rien oublié et être conscient de tous les enjeux…
Mon doune!
Rien ne t’arrête!
Mais je vois que tu es malgré tout bien vigilant..C’est vrai qu’a cette altitude plus de place a la rigolade.
Je te souhaite une belle ascension et surtout une bonne descente…On aurait du te fabriquer un petit drapeau du TTTrail pour le planter au sommet!
Merci pour toutes ces infos.
on va pouvoir fabriquer ce drapeau ! l’ascension est reportée à plus tard !
Toi qui cherchais de la neige, te voilà servi ! Bonne chance.
j’adore la neige… même en été ! cela serait-il considéré comme une drogue ?
Voilà encore une chose qui me fait rêver…
Bonne « ballade » ! 😉
ça n’a pas l’air si compliqué que cela quand on a un physique basé sur l’endurance !
Super article, très intéressant et complet ! J’espère que la météo sera plus clémente et que tu vas pouvoir grimper ! Je note de côté quelques « trucs » (y compris celui du parigot ^^) pour la rando pyrénéenne de cet été !
la météo a finalement fait des siennes… ce n’est que partie remise, le mont Blanc attendra !
Salut ! Et bien j’avais loupé quelques épisodes lors de mon exil en Corse… Toi quand tu prépares une course, tu n’y vas pas à moitié !
Petit commentaire: il est tout à fait possible de démarrer l’ascension du Mont Blanc depuis le centre de Chamonix. La montagne est encore un espace de liberté….même si ce qu’on voit au Mont Blanc est du domaine du grand n’importe quoi !
Un ami (guide de son état) a mis au point la produit, cela s’appelle Eco-Mont-Blanc….et j’ai assisté à la 1ère (en mode sherpa) il y a quelques jours. Il me semble d’ailleurs t’avoir mis en contact avec ce guide…. ABE
Effectivement, tu as loupé plein d’épisodes pendant ton exil en corse !
J’ai essayé de préparer au mieux ma petite course, étudiant les variantes… enfin faire le truc à fond quoi ! J’aime pas trop laisser des trucs au hasard et ne pas trop savoir ce que l’on fait et comment on le fait en subissant les choix des autres (même si je prend rarement les décisions, je sais au moins analyser les différentes options proposées).
Concernant ton ami Guide, je lui avais proposé d’organiser pour nous une petite sortie au mont-blanc mais ma demande est restée sans réponse… So…
Ce petit rappel d’article me fais juste réver, j’espère l’an prochain pour mes 30ans faire le sommet, reste a convaincre ma femme de me laisser partir!!!
Ca fait trop d’année qu’il me fait rêver …
Le Mont Blanc dans la journée et depuis le bas, c’est pas interdit (il ne manquerait plus que ça…). C’est même conseillé, et bien classe. L’avantage est qu’on peut saisir le créneau parfait et que l’on évite la nuit bien pénible en refuge surpeuplé. Réalisé récemment depuis le village de Bionnassay et la voie normale en mode un peu light, mais quand même avec chaussures de rando, petite paire de crampons, piolet, baudard, brin de corde, petite quincaillerie, casque, doudoune…
Départ 2 heures 15 du mat’, sommet 9 heures, retour 15 heures, bien séché par la descente. Une bien belle journée en montagne et des conditions parfaites, que ce soit la météo (ISO 0 à 4000m, pas de vent) ou la neige (pas de glace).