4e course de ski alpinisme de la saison, 4e montée sèche… Cette fois-ci c’est à Megève (74) que je me rends. Pour une fois, le départ est à 18 h, et il faut être sur le lieu du retrait du dossard avant 17 h 45 maximum, car un bus nous amènera sur le lieu du départ. Je viens à peine de rentrer de ma sortie au col de Planchamp d’Oche. Le temps de manger, et de faire une petite sieste de 20 minutes qu’il faut déjà remettre les skis dans la voiture. Quelques touristes sur la route, ça n’avance pas. C’est affreux en ce moment. J’arrive à 17 h 20 à Megève. Le temps de garer l’automobile, prendre les skis et les peaux de phoque et d’aller chercher mon dossard, je suis pile-poil à l’heure. Comme pour les 3 précédentes courses, il faut qu’une blague me soit faite… cette fois-ci, l’organisation n’a aucune trace de mon inscription… Sympa ! Pourtant j’ai payé sur le site de la fédération française de la montagne et de l’escalade.On arrivera rapidement à un deal. On me donne un dossard et si le payement n’est pas passé, on s’arrangera par la suite, chacun vérifiant de son côté que tout est en règle. Je partirai donc avec le dossard numéro 101. Sur un tableau, le parcours est expliqué : il y aura une première partie à ski en montée, puis un portage, enfin une zone bosselée à passer, un plat et enfin un dernier mur avant l’arrivée : 871 m de D+ pour 3,4 km de distance à parcourir.
Un peu d’histoire du ski
Le parcours reprend exactement le tracé de la piste Émile Allais.
Avant d’être la station village haut de gamme que l’on connaît, Megève fut avant tout l’un des berceaux du ski en France. En effet, dès 1913, Megève, accueille quelques centaines de skieurs et connaît son véritable essor durant l’entre-deux-guerres sous l’impulsion de la Baronne de Rothschild.
En 1937, Émile Allais, l’enfant du pays obtient 3 médailles d’or aux Championnats du monde de ski à Chamonix. C’est son nom qui sera donné en 1950 à la piste qui accueille en 1951 le 1er Grand Prix international de descente de Megève.
Pendant plus de 20 ans, la Coupe Allais va faire partie du trio incontournable des descentes alpines, aux côtés de Wengen et Kitzbühel. Considérée comme particulièrement difficile, la piste Émile Allais verra la victoire de grands noms du ski comme Adrien Duvillard (1956), Jean Vuarnet (1957), Killy (1966 et 67), Henri Duvillard (1969).
Mais en 1970 survient un drame avec l’accident mortel de Michel Bozon qui chute et percute un arbre à la sortie du terrible Mur de Borné. Ce terrible accident, au-delà du traumatisme profond qu’il génère, met en lumière la non-conformité avec les nouveaux règlements de sécurité d’une piste conçue plus de 20 ans auparavant. Malgré quelques aménagements (dont un nouvel itinéraire contournant le Mur de Borné et l’installation de filets de sécurité), la compétition et la piste sont abandonnées en 1975.
Le lendemain de la course, Emile Allais fêtait ces 100 ans.
La course
Dans le bus nous emmenant sur le lieu du départ, je repère quelques coureurs équipés de skis de randonnée, tout comme moi… je ne serai pas seul dans le classement « matériel lourd » cette fois-ci. Je retrouve Vincent du CAF du Léman / les vorosses et sa femme sur la ligne de départ. On discute brièvement, je me fais un peu disputer pour avoir été en randonnée la matinée d’un jour de course. Tant pis 😀 Le speaker tente d’expliquer le parcours et forcement, je n’ai rien compris. Je pars persuadé que la descente faite partie intégrante de la course… alors que non.
Le départ est donné, je me sens en forme. Je me place au 3/4 du peloton, déjà décroché par Yannick Buffet, vice-champion d’Europe de la spécialité derrière Kilian Jornet. Juste impressionnant, il court en montée sur la piste, et pas que sur 200 mètres avant de prendre son rythme de croisière. Jusqu’au portage, je reste à cette place environ, perdant des places, en gagnant d’autres, j’ai pas trop fait le compte. Il faut dire qu’il y a eu embouteillage à la traversée de la route et sur la plateforme au début du portage. Un petit coup d’oeil sur l’altimètre, il indique 1200 m/h depuis plus de 15 minutes. J’applique la technique vue sur l’assaut du haut Fleury. On garde les bâtons avec les dragonnes à chaque bras et on prend un ski dans chaque main, qui fera office de bâtons pour grimper. Tout allait bien jusque-là… j’explose en plein vol. Les marches sont hautes et il faut pousser sur les cuisses pour se hisser dans ce mur. Rien à voir avec les traces faites par mes soins sur les rocs d’Oche. Je me fais doubler, je laisse passer les coureurs perdant pas mal de places. Tant pis, c’est le jeu. La concurrente que je comptais doubler à la manipulation s’envole et s’éloigne vraiment vite. Je tente de gérer au mieux, mais c’est pas trop ça. À la fin du portage, je remets les skis et je repars tranquillement, dans le dur. On attaque la partie bosselée dans le bois, il faut choisir sa trace entre les bosses. A priori, les autres concurrents ont choisi le bord de piste. J’allume la frontale, il commence à faire nuit. Des supporters me font remarquer que j’éclaire le ciel ou presque… je ne m’en étais même pas rendu compte. Je propose à un nième concurrent de me doubler. Il refuse, ça me remet un petit coup de bien au moral et je décide d’essayer de le laisser derrière moi le plus longtemps possible. Au loin, on voit les lueurs des lampes frontales dans le mur final et sur l’arrête à l’approche de l’arrivée. C’est beau… mais ils sont loin !!! Sur le plat, je recharge un peu les batteries et mets les cales sous les fixations afin d’aider à la montée du dernier mur. Je ne fais généralement pas en course, car cela prend du temps et le bénéfice « reposant » n’est pas si énorme que cela. Cela se passe plutôt bien, le concurrent devant moi est de toute façon trop loin pour tenter une attaque kamikaze, donc je gère histoire de travailler la gestion du rythme. Quelques cadors du domaine m’avaient dit qu’il fallait surtout garder le même rythme pendant les murs, sans forcement vouloir faire des grandes enjambées ou autres trucs du genre. Une dernière pente où je me fais doubler par un spectateur à peaux de phoque en mode course, sans dossard. J’essaie de suivre, mais je lâche trop vite. Au loin, on entend des potaits et plein d’encouragement. Je tente l’arrivée en courant, skis aux pieds, ça passe sur les 150 m me séparant de la ligne, j’arrive vidé, le cardio proche de la FCMax. Je suis classé 88e sur 94 au scratch, avant dernier senior en 1 h 3 min 39 s.
Je ne passe même pas par la case ravitaillement, et file remercier le public, puis j’entame la descente. Une des spécificités de Megève, liée à l’influence d’Émile Allais, c’est que les pistes ressemblent à des greens de golf. Pas une bosse. Cela permet d’aller vite, sauf de nuit, à la frontale, les cuisseaux en feux après une super journée de ski avec 2 grimpettes de plus de 800 m. Vraiment super ! reste que je vais mettre 2 jours à m’en remettre…
Le classement homme : ici
Le classement femme : ici
Purée j’ai encore eu mal pour toi !
Au moins tu bétonnes le moral et les cuisses 😉
Ca donne envie ! Vivement que je trouve les chaussures et les peaux…
Sympa ton compte rendu. Il illustre bien la montée.
@ une prochaine sur les skis.
Sacré course !!
Malgré le fait que tu te fasses doubler, tu ne laches rien ! Yes !!
Sacré esprit de compétition.
Tu vas avoir de sacrées cuisses pour tes prochaines courses, cela te sera bénéfique !
Sacrée journée ! Bravo !