Un an après… un an après ma première compétition de ski-alpinisme… enfin, de montée sèche à ski 🙂 La différence entre une montée sèche et une course de ski alpinisme ? La course de ski alpinisme nécessite des techniques d’alpinisme du style « passage sur des arrêtes skis sur le dos », « mise en place de crampons sous les chaussures », « utilisation de longes pour s’assurer sur une corde fixe »… Enfin, là, le but n’est que de grimper à fond les ballons avec les skis sous les pieds.
Pour en revenir à nos moutons, il y a un an, je rentrai de Paris après avoir pris une demi-journée pour participer à cette course, à Avoriaz. L’heure est donc au bilan, il viendra un peu plus tard, mais il est sûr que je vais pouvoir comparer mes 2 performances, même si elle reste relative à leur niveau et que le parcours n’est pas le même par rapport à l’an dernier. Un petit email de l’organisation la vielle du départ de la course annonce :
Suite au démarrage des travaux de la gare de téléphérique d’Avoriaz, le parcours de la Montée du Crôt sera modifié cette année. L’arrivée n’aura pas lieu dans la station d’Avoriaz, mais au pied du stade d’Arare au niveau de la cabane de la flèche (pour ceux qui connaissent!) Cette modification provoque une augmentation de dénivelée de +/- 100 mètres environ
Ainsi, le parcours passe de 670 m à 780 m environ. Le finish devient aussi plus dur, fini le passage à travers la station, direction les virages de la piste rouge qui grimpent beaucoup avant l’arrivée. Autrement dit, il va falloir gérer la course différemment, surtout vers la fin.
L’an dernier, j’étais parti avec le dossard 35 et je m’étais fait doubler par les premiers au niveau un peu plus loin que la bosse à Jean, soit après 200 m de D+. Cette année, je pars avec le dossard 52, l’objectif est donc de tenir au moins jusqu’au passage sous le télésiège des grandes combes. Cela parait un peu similaire au niveau du challenge.
J’arrive sur les lieux du départ 1 h avant l’heure prévue. Le départ se fait en contre-la-montre, avec 20 secondes entre chaque concurrent. Un peu à l’expérience, je vais repérer le premier mur, le plus compliqué du parcours… Je retrouve quelques têtes croisées sur les différentes courses de la saison, c’est aussi l’occasion de discuter et de se charrier un peu… Je retrouve aussi une demoiselle de Morzine qui court régulièrement avec les foulées chablaisiennes, mon club d’athlétisme. Ça fait bizarre de voir que des gens que l’on croise régulièrement par ailleurs partagent une autre passion commune. Je retrouve aussi un concurrent de la course des perrières aux Gets qui m’a reconnu grâce à ce blog. Ça fait un peu bizarre de rencontrer des lecteurs, mais c’est le jeu aussi ! Le mur est en bon état, pas de risque de zipper et galerer comme l’an dernier à tenter de mettre un pied devant l’autre. En plus, c’est parfait, ça fait mon échauffement.
Il est maintenant l’heure d’aller au départ et de se mettre dans les starting-blocs. Le concurrent qui partira devant moi est aveugle, membre de l’équipe de France handisport de ski de fond, j’ai directement pensé à Virginie et j’ai tout fait pour le laisser dans les meilleures dispositions pour qu’il fasse sa course. Son guide le guide à la voix et ils sont reliés à un élastique. Au départ je suis parti un peu vite, ce qui fait que sur le plat, j’ai presque rejoint ce concurrent, je m’annonce oralement, et lui laisse la trace et double sur un côté, je l’encourage aussi et j’attaque le mur, dans le dur… 186 pulsations/minutes, 95 % de FCmax, je ne peux pas faire mieux. Le cardio commence à me serrer un peu fort alors sur le plat après le mur, je prends le temps de le retirer, le concurrent doublé me redoublera, ainsi que quelques autres. La stratégie de ne pas tout donner dans ce mur est tombée à l’eau. Va falloir gérer les petits murs et les plats pour tenter de ne pas définitivement exploser dans le mur final. Au passage sous le télésiège après la bosse à Jean, où les premiers m’ont doublé l’an dernier, seulement une petite dizaine de concurrents m’ont rattrapé. Il faut dire que 1250 m/h dans le mur et 750 m/h sur les plats, ça avance vite, relativement à mon niveau ! Le premier objectif est réalisé. Je continue mon petit bout de chemin quand je double le concurrent qui m’a reconnu aux Perrières (aux Gets), nous sommes un peu après le télésiège des grandes combes. À l’allure, c’est un traileur qui s’entraine tout comme moi pour l’été.
Dans le mur suivant, je reçois un petit coup de bâton dans les fesses, c’est Mr Gaydon, Morzinois et attendu sur cette course étant donné que c’est son terrain d’entrainement quotidien, en mode avion de chasse.Il me double le bougre. Dossard 29, ça avance fort pour tout les deux. Je tente de m’accrocher derrière et limite la casse à environ 100-150 m de retard avant d’attaquer les « S » de la piste rouge et le changement de parcours. Je n’ai pas mis le chrono en route au départ, donc pas moyen de savoir si je suis en avance ou en retard par rapport à l’année dernière. Dans les « S », je commence à voir de plus en plus de concurrents me doubler, la tête de la course n’est plus très loin derrière moi. Ça avance fort, en rythme, chacun avec son style. Certains sont couchés sur les skis et font des petits pas. D’autres font une alternance magnifique pied droit/bras gauche, pied gauche/bras droit, d’autres encore, tout en force. Je tente de m’accrocher, ça tiendra 100 m, il faudra ensuite que j’arrête 2 secondes histoire de récupérer mes esprits et ma respiration. La nuit tombe sur les montagnes, le coucher de soleil est magnifique sur le roc d’enfer avec des teintes de roses/oranges, un peu plus loin, les projecteurs de l’arrivée illuminent la falaise, c’est super beau avec ce contraste de lumière jaune sur la neige et les rochers apparents. Ça donne encore plus envie de se lancer à fond pour rejoindre l’arrivée.
Des encouragements d’une coureuse au bord de la piste et un petit sprint final et je passe la ligne en 52 min 55 s, soit 54 s de plus que l’an dernier. Le parcours faisait à peu près la même longueur à plat, et 104 m de D+ de plus.
J’ai un peu honte, j’ai bavé sur le dossard dans l’effort, et j’ai du mal à reprendre mes esprits. Pourtant il fait froid, il va falloir redescendre dans la station pour aller manger et refaire la course avec les autres concurrents… Sur le podium, on retrouve les héros fatigués de la Pierra-Menta, avec Didier Blanc sur la plus haute marche. (vice-champion du monde vertical Race 2010, vainqueur de la Pierra-Menta 2010)
Waou quel récit , ça donne envie et en même temps cela a l’air tellement dur ! Je ne savais que l’on les membres de l’AVH guidaient aussi dans cette épreuve mais effectivement , il n’y a pas de raison ! En tout cas j’espere un jours pouvoir un jour m’essayer a ce sport , et les gets, mes premieres descentes étaient la-bas ! Bonne récup en tout cas et Bravo !
Ca m’a surpris en bien de voir cet athlète au départ et ça donne clairement envie de l’aider et de favoriser l’arrivée d’autres concurrents sur ce type d’épreuve !
J’espère qu’un jour on fera une course ensemble hein ! en oubliant le chrono, juste pour le fun !
Ho oui ça me ferai tellement plaisir … n’oubli pas que tu as portes ouvertes all inclusives dans les Cévennes… et qui sais si l’hivers prochain , on ne viendrai pas dans ton coin histoire de nous initier ..
Salut, pour le seconde fois je lis ton réçit sur ces deux montées sèches et tes sentiments sur l’effort ainsi que ton état d’esprit sur ta façon d’apréhender la course et en effet tout est juste….D’autant plus que je suis le personne que tu as doublé au télésiège de la grande combe et ai ressenti les mêmes choses ! Par contre cela fait deux fois que tu me passes devant, il va falloir que je revois mes méthodes d’entrainement 🙂 …..
C’est bien ce que tu fais !
En espèrant se recroiser prochainement !
Christophe
Salut Christophe,
Tu auras l’occasion de prendre ta revanche du côté d’abondance ce samedi. Je ne devrais pas être à fond, j’ai un 10km le dimanche matin à Thonon aussi…
Ca fait plaisir de voir que mon approche et mon ressenti pendant les courses sont finalement partagés par d’autres personnes.
J’espère surtout que ces récits permettront à certains de se lancer dans ce sport en oubliant le classement et que l’on retrouve un esprit famille sur ces courses.
A bientôt !