Ça y est… je viens de rentrer de ma « pire » course de ma saison de ski-alpinisme… Elle a eu lieu aux Gets (lire Gets à l’Anglaise, comme le verbe « to get », parce que la station est surpeuplée d’anglais). J’aime bien cette station, il y a toujours un parfum de compétition quand je m’y rends… que ça soit pour voir mon cousin faire les championnats du monde de VTT de descente, pour un raid, pour une étape du critérium du Dauphiné Libéré (vélo) ou pour une montée sèche en ski alpinisme par exemple…
Pour une fois, mon inscription se passe à merveille, faut dire que j’étais bien en avance sur les horaires. Une fois le dossard récupéré, il est temps d’aller se changer dans la voiture, puis de mettre les peaux de phoque sur les skis, et d’aller s’échauffer et en profiter pour repérer un peu le parcours. Ça commence fort avec un mur d’une piste rouge, puis un plat, avant d’attaquer une piste bleue le long d’un tire-fesse, puis une petite descente en dévers (important le dévers vous comprendrez pourquoi par la suite) et enfin un mur final d’une piste rouge avant un dernier plat et la ligne d’arrivée.
Pour m’échauffer, je remonte le parcours en suivant d’autres concurrents qui connaissent le parcours. On remonte jusqu’au passage sous le tire-fesse, à mi-parcours. Là, je retire les peaux, refixe les chaussures sur les skis et l’on redescend au départ déposer les sacs et se mettre sur la ligne. Je retrouve une connaissance d’enfance, qui est maintenant responsable du golf aux Gets. Ces amis organisent la course et lui ont mis une pression d’enfer pour qu’il participe. Tout en discutant avec d’autres concurrents, je tente de recoller mes peaux sous mes skis… impossible ! Elles ont pris l’eau, il faut dire que la neige n’est pas très sèche ces derniers temps et le faible pouvoir collant restant ne fait plus son effet. Je tente de les comprimer entre les 2 skis pour en chasser un maximum l’eau, mais ça ne fonctionne pas trop trop comme technique à priori. La peau est tout de même maintenue au ski par l’avant et par un petit crochet à l’arrière du ski. Un concurrent me passe un rouleau de scotch américain pour, au cas où, scotcher mes peaux aux skis. Je pars donc avec le rouleau dans le filet arrière de ma veste.
Le départ est lancé juste après que la dameuse ait fait une jolie trace dans le mur. La dameuse remonte nos sacs à l’arrivée. Comme d’habitude, ça part fort. Je me sens en forme alors je me mets à courir sur les premiers mètres et lorsque la pente deviendra trop forte, je prendrai mon rythme de croisière. Au repérage, j’ai vu que ce mur était la principale difficulté de la course, donc je préfère gérer et ensuite « envoyer ». Au sommet de cette première étape, j’évalue ma position au 2/3 des 80 participants. Je continue d’avancer puis je me rends compte que le ski droit glisse aussi en reculant un peu. Je me retourne et vois ma peau de phoque, 4 mètres derrière… demi-tour donc, déchaussage du ski, recollage de la peau, ça colle toujours pas, je déplace la fixation arrière de sorte que la peau soit bien tendue sur le ski, repose le ski au sol, fixe la chaussure et c’est reparti. J’ai bien sûr perdu du temps, et donc des places au classement. Je profite du plat pour relancer la machine et redouble quelques concurrents. À l’attaque de la piste bleue, j’ai presque refait la moitié de mon retard sur les concurrents avec qui j’étais à la bagarre au sommet du mur. Manque de pot (ou de peaux), je perds celle de gauche à la hauteur du petit groupe de supporter. Ils ont vu les choses en grand ! l’accordéon est là, monté avec les skis aux pieds. Rebelote donc pour les manipulations. Je retourne à ma place suite à la première perte de peau. Je relance la machine. Ça grimpe bien pourtant… 1200 m/h jusqu’au passage sous le tire-fesse. Je redouble pas mal de concurrents et je retrouve ma place d’avant la seconde perte de peau. Vous suivez ? J’avance moins vite, mais ça grimpe encore pas mal fort… 1000 m/h à l’altimètre. Encore un depeautage et j’attaque la descente. Les écarts entre les concurrents sont maintenant fixés depuis bien longtemps. Il n’y a que moi qui fais le yo-yo entre celui qui est devant moi et celui qui est derrière. Dans la descente, en dévers, j’essaie au maximum de laisser les skis dans la pente, pour éviter que le frottement de la peau sur la neige ne la fasse sauter une fois de plus. Forcement, dans ce numéro d’équilibriste, je perds du temps, et en bas de cette courte descente, une des 2 peaux se détache. Là, j’ai du vociférer quelques remarques que je ne publierai pas ici. Je repars donc, dans le dernier mur. La concurrente qui me devance a environ 1 min 30 s d’avance sur moi. Les piquets de bois délimitant la piste sont parfaits pour prendre les écarts. De jour, cela est possible alors que de nuit, à la frontale, les éléments du décor sont quasi inexistants. Je grimpe, je travaille au rythme. Des petits pas, avec les bâtons qui travaillent bien et ça pousse avec les bras. Je vois l’écart qui se réduit drastiquement, ça m’encourage à continuer même si je suis clairement bien dans le rouge, l’alti n’affiche plus que 900 m/h. Finalement, je tente le sprint, mais ça ne veut pas. Je finis 67e sur 80 participants classés, dernier senior, en 38 min 24 s pour faire les 585 m de dénivelé de la course, à 13 secondes de la concurrente qui me devance.
Finalement, c’est assez paradoxal, c’est un des meilleurs classements que j’ai fait sur les courses de ski, et pourtant, j’ai perdu 4 fois les peaux et donc pas mal de temps pour les remettre… La prochaine sera meilleure…
Les résultats en ligne : ici
Je pense que toutes ces courses t’ont forgé un mental d’acier, tu vas cartonner en trail cet été
pour le mental, c’est sur, ça fait du bien d’en baver autant…
pas de lapin ce coup-ci ?
Dur dur en tout cas le si en plus le matos fait des siennes.
Au moins cet été tu seras tranquille 😉
un lapin ? J’ai loupé qqchose ou bien ?
Ce qui est sur aussi, c’est que cet été, j’aurai plus de choix dans le matériel !
tu t’es pas fait doubler par un gars déguisé en lapin sur une montée précédente ?
Pour cet été il me semble que tu as en test des trucs assez légers 😉
ahhh juste, mais c’était 2 montées avant celle-ci, je l’avais oublié ce lapin…
Pour cet été, j’aimerai trop pouvoir tester la chaussure de trail de chez Dynafit, elle a l’air d’être une tuerie.
Décidément le matos il t’aura quand meme bien fait ch… sur cette saison de ski alpi, il va être bientot temps de rechausser tes running camarade traileur 🙂
non non non… je ne rechausserai pas les runnings avant la fin de l’hiver, soit mi-mai environ…
Pourquoi ? parce que le trail est une activité qui détruit les fibres musculaires.
En ski-alpinisme, c’est repos : plus de choc ni d’onde de choc car c’est un sport de glisse principalement, presque les vacances quoi 😉
Ce qui me permet de continuer d’engranger le D+ pour ensuite, travailler la distance et claquer une grosse perf’ à Verbier.
C’est assez incroyable, cette histoire de peaux ! Les autres n’avaient pas ce problème ? C’est vrai que la neige est de la vraie soupe en ce moment … Bravo en tous cas, tu ne t’es pas laissé décourager !
Ca arrive souvent en course ce genre de soucis avec les peaux… En faite, la peau est composée de 2 couches, celle qui accroche la neige, et celle qui colle au ski. Lorsque la neige est humide, l’eau imprègne la peau et fait perdre son pouvoir collant à la face qui colle au ski. Lorsque l’on décolle la peau une première fois du ski, le ski s’humidifie, ce qui rend le collage encore plus compliqué.
Pareil avec le grand froid. Les coureurs élites ont plusieurs paires de peaux, qui glissent plus ou moins bien sur la neige suivant le type de neige.
Il faut ré-encoller les peaux chaque année environ, je ne l’avais pas fait l’an dernier car je ne les avais pas beaucoup utilisé, la colle arrive juste en bout de course maintenant.
Ce qui m’a fait plaisir dans cette course, c’est ma capacité a relancé et rattraper à chaque fois quelques concurrents devant moi, preuve que je ne suis pas à ma place au classement général.
Et bien, quelle histoire de peau… Ca doit être drôlement embêtant de perdre du temps et de l’énergie comme ça. Félicitation tout de même pour le mental 😉
c’est la vie hein 😀