
Lorsque je préparais la liste des courses que je voulais faire en cette année 2012, je voulais profiter de mon retour au chablais pour aller courir sur des courses en Suisse. On m’a soufflé au club que des courses telles que Morat-Fribourg, Sierre-Zinal… se devaient d’être courues pour le parcours et l’ambiance. Un petit check sur internet, ni une, ni deux, voilà un des objectifs de la saison. Après soumission au vote de mon planning 2012, me voilà inscrit sur cette course, au format bien particulier.
La veille de la fin des inscriptions en ligne, Benoit m’envoie un texto d’Allemagne me proposant de faire route ensemble s’il s’inscrit. J’accepte forcément. Je pourrais ainsi voir mon ami, discuter trail dans la voiture et voir ce que ce bolide au solide palmarès vaut sur ce type de parcours avec un plateau si relevé…
En effet, la course fait partie du championnat « sky-running » et de grands noms du trail tels que De Garsperi, Lizzy Hawker, l’équipe de France de trail et du ski-alpinisme (Miera Miro, Martin Anthamatten, Severine Pont-Combe, Yann Gachet) sont présents.
La veille de la course, cette fois-ci, je ne fais pas n’importe quoi… fini les multiples nuits de 4 h avant de prendre le départ pour un ultra. Départ à 6 h d’Allinges, nous voici à Sierre en environ 1 h 30. Cela nous laisse 1 h 30 pour récupérer nos dossards, nous échauffer, nous placer aux premières loges sur la ligne de départ, où je retrouverai 2 collègues de travail. Vu le format de la course et les nombreux ravitaillements, je pars avec le minimum possible, soit 2 tablettes high-energy isostar et un gel isostar goût cola.
Le départ — KM 0 — D+ 0
Il fait bien chaud. 9 h, le départ est donné par un ancien cycliste de la région. La course part très vite et au bout que quelques foulées, j’ai déjà perdu Benoit de vue. Je sais que je suis un peu limite pour ne pas dire moins bon que les gens qui m’entoure. Je laisse donc partir et me concentre uniquement sur mon effort.
Après 1,4 km de goudron, les choses sérieuses commencent. Ça montre dré dans le pentu, et ce, sur 5,5 km. Le rythme est bon, enfin, il me convient, je ne double que rarement, me fait doubler rarement aussi, la montre indique entre 17 et 20 m/min soit plus de 1100 m/h.
Beauregard — KM 3.7 — D+ 631 m
Au premier ravitaillement, je prends 2 verres d’eau et je repars dans la foulée. Je ne le sais pas, mais j’ai 5 minutes d’avance sur le temps d’objectif de 4 h 15. Le petit plat d’environ 10 m fera tout bizarre dans les jambes. Pas trop le temps d’être vraiment surpris, ça regrimpe aussi sec. Après une heure de course, j’ai réalisé 5.38 km, et 1124 m de D+. C’est mon record d’ailleurs en vitesse ascensionnelle tenue sur 1 h. Petit à petit, la pente s’adoucit et nous sortons du bois. Ça tombe bien, on va enfin pouvoir voir quelques choses du paysage. Autant dire que de ce point de vue là, j’ai été servit ! L’envie de m’arrêter et de prendre quelques secondes pour faire un 360° pour admirer ce paysage me tente trop. Faut dire que la météo est parfaite et la visibilité bien lointaine.
Ponchette — KM 7.2 — D+ 1397 m
2e ravitaillement, je prends une éponge pour me rafraichir et 1 verre d’eau et 1 verre d’isostar, avec un bout d’orange et du chocolat. Je ne reste pas non plus trop longtemps et repars aussi tôt. Le chemin est un chemin de 4×4, pas très sexy, mais on peut enfin allonger la foulée. D’ailleurs, même si je ne sens plus trop mes jambes, j’y arrive assez bien avec une vitesse proche de 10 km/h, parfois même de 12 km/h… alternés avec des grimpettes où je marche à 5 km/h. D’ailleurs, j’ai été bien surpris par le parcours, je n’avais pas du tout repéré cela de cette façon. J’avais noté une grimpette de 2200 m sur 20 km, de manière régulière avec une plus forte pente sur les 7.5 premiers kms. Plutôt agréablement surpris par le parcours, je me laisse dérouler sans me mettre dans le rouge. J’ai d’ailleurs lâché le cardio depuis bien longtemps, la ceinture étant légèrement trop petite, elle avait tendance à me gêner dans l’effort. Dans la descente vers Chandolin, je me laisse bercer par la piste, lâchant un petit 17 km/h tout droit sur la piste de ski.
Chandolin — KM 12 — D+ 1 672 m
À Chandolin, mon repérage devient plus flou… Je sais que l’on grimpe à l’hôtel Weisshorn, avec un parcours sous forme de montagne russe, mais rien de plus. À 47 % du temps total du parcours, je suis parti sur des bases de 3 h 50. Le pire, c’est que je me sens super bien et je double quelques concurrents, jouant la plupart du temps au yoyo avec eux, privilégiant la marche dans les grimpées plutôt que les petits pas.
J’arrive tout doucement au panneau 50 % du parcours, je suis toujours dans les temps de 3 h 50 — 3 h 55, puis le panneau 54 %… J’ignore encore pourquoi, mais le cerveau va déconnecter totalement avec la course, l’envie n’est plus du tout là… enfin si, juste celle de marcher, et d’admirer le paysage. Aucune douleur n’est présente, juste les jambes un peu lourdes, mais qui ne les auraient pas après plus de 1600 m de D+ en 12 km ? Je me fais doubler par de multiples concurrents, ce qui n’a pas l’air du tout de me perturber, alors que d’habitude, j’essaie toujours de relancer derrière eux et de m’accrocher, au moins histoire d’avancer… là je marche, la tête clairement ailleurs, je n’arrive pas même pas à vous dire à quoi je pensais. Je remarque que mon dossard s’est déchiré en un coin et ne tient au portes-dossard qu’avec une seule aiguille, je l’arrache et le plie sous le porte-dossard, j’enlève mon t-shirt, je le remets, bref je brasse… Je continue à marcher, parfois, je relance un peu, en courant sur 100-200 m, avant de m’arrêter de nouveau. Je vais errer de la sorte pendant 6 bons kms, jusqu’à l’hôtel Weisshorn.
Hôtel Weisshorn — KM 20 — D+ 2042 m
Un ravitaillement où je prends mon temps pour boire 2 bouillons et repartir sur le même rythme. Je rencontre alors un coureur, qui n’arrive plus à marcher ou presque, ronger par les ampoules. Je le vois lutter pour continuer à avancer. Il me demande un petit topo sur le temps depuis le départ. J’annonce 3 h 15 environ. Il reste environ 10 km. Un supporter annonce sous forme d’encouragement « allez les gars, ça joue les 4 h là si ça veut sourire… ». Ça fait déjà bien longtemps que ça ne sourit plus, Monsieur, mais merci quand même. Je m’arrête à un torrent qui coupe le chemin, avale le gel Isostar, boit un peu, remplit le tube d’eau pour le vider entièrement en le buvant une seconde fois et je repars. Je reprends un peu plus loin ce coureur et lui annonce que le rythme de ma course, c’est 6min/km, ça lui convient, je le remets dans le rythme comme il dit. Dans ma tête, je me dis que si je ne veux pas courir pour moi, je n’ai pas le droit de me plaindre et autant profiter de cette occasion pour faire son lièvre…
On arrive tout doucement à Nava, le point le plus haut du parcours, à près de 2425 m. Je perçois à peine le début de la descente, mais je commence à prendre du plaisir à courir sur ce single track, coupant des pierriers et rempli de pierres. Fini le chemin à 4×4, je relance parfois, ralenti rarement, mon compagnon d’infortune me suit.
Berneuza — KM 26.5 — D+ 2200 m
Dernier ravitaillement, on voit Zinal au loin. Des corps des Alpes sont en place et s’entendent à des kms à la ronde. C’est beau ! Ayant abandonné l’espoir d’un bon chrono, j’en profite pour manger correctement au ravitaillement… Je repars, mon compagnon m’a faussé compagnie. Dommage, et tant pis, je garde le rythme des derniers kms. On voit certes Zinal en contrebas, mais les montagnes russes continuent, et l’on ne semble pas descendre finalement. Petit à petit, on entend le speaker annonçant les résultats des différents concurrents passant la ligne d’arrivée au compte-goutte. On a descendu finalement 300 de D- depuis Nava et il reste encore 400 m de descente, en seulement 1 km ! Rien de mieux que de faire péter l’altimètre en descente. Je manque de peu la sortie de piste, m’arrêtant inextremiste avant la rencontre du 3e type avec un arbre au milieu du parcours. 17 km/h, ma vitesse de pointe en descente il faut croire sur cette course, je double plein plein de concurrents. Une banderole « allez Damien ! » me fera sourire et bien plaisir, même si elle ne m’était pas destinée. Un dernier faux plat descendant en « sprint » à 14 km/h et je coupe la ligne d’arrivée en 4 h 15 min 54 s, finalement dans l‘objectif large que je m’étais fixé avant de partir. Je suis classé 453e sur 1144 partants.
L’après-course
Rapidement, je retrouve Benoit, il me dit de prendre mon temps de bien boire, manger, qu’il n’est pas pressé.. Il est déjà douché, sac sur le dos, ça annonce un super temps ça ! (3h 08… ) On discute de sa course, il me dit qu’au départ il était coincé entre Miera Miro (championne du monde de ski-alpinisme) et Lizzy Hawker, qu’Emmanuel Gault surventile beaucoup en courant… je crois, rêver ! On tombe tous les 2 d’accord sur le fait qu’une course pareille, ça se prépare spécialement, qu’elle mérite que l’on y revienne l’an prochain et que l’on claque un chrono. Le temps de tourner la tête, il voit un de mes collègues de travail arrivé, il ne le sent pas très bien. Je l’appelle. Il me dit ne pas être au top, il s’assoit, il ne se relèvera pas, je file lui chercher de quoi manger et boire, ça ne va pas mieux. Je file chercher les secours, il finira sur la civière, que j’aiderai à porter jusqu’à la tente des secours. Il me fait soucis… Je l’abandonne temporairement le temps d’aller chercher mon sac, au retour, il est bien pris en charge par les secours, il grelotte fortement, sous 4 couettes. On file manger, et en repartant, on le croisera en train de marcher. Il va mieux, tant mieux.
Avec le recul, je suis toujours autant déçu de ma course. J’étais parti dans l’espoir d’accrocher un beau chrono, je le loupe par moi-même, tout seul comme un grand. C’était pas un grand jour, c’était pas un jour sans, c’était un jour… un jour de course à Sierre-Zinal.
Le move « Suunto Ambit » de la course : ici
Les 1000 rodio sont donc atteint, objectif atteint, félicitations.
Dommage que la tête n’ai pas suivi jusqu’au bout, tu aurais certainement été proche des 4h !
L’an prochain tu remets ça alors ?
J’attendais ton récit avec impatience… étant d’un niveau proche et commençant à zieuter cette course pour 2013 forcement ça m’intéresse et la lecture de ton récit me conforte dans mon ‘probable choix 2013’… mais chuuuut c’est encore un secret 😉
et bien même pas en fait si on veut être précis… la perf de De Gasperi fait que je tape 997 à la cote rodio ! trop nul du coup !
Chose qui est sur, je remet cela l’an prochain, mais en mode « sortie longue’ avant l’UTMB et faire une kilian le chrono attendra 2014.
Congratulations on your finish!
I couldn’t open this page from Google reader through the feedburner link, it said « Safari can’t open this page ». However the page is works fine if I find my way there another way.
Also the Movescount link failed, it just said « No Moves selected ».
Hi,
Thanks for all ! Do you plan to run this race next year ?
I don’t know why you cannot open this page from Google Reader, maybe a transcient error. I tryed to do twice and it works well for me.
I’ve edited the movescount link, I added the « edit » url instead of the public one. Thanks for the warning.
Thanks, everything works fine now, even from Google Reader. It was probably just some of those mysterious Google errors.
Actually I wanted to run this classic race this year. I think I would like it. But some other things came up and it didn’t fit my schedule.
All I know about next year is that I plan to do UTMB.
Félicitation Doune.
Tes reçit donne vraiment envie.
Un jour j’espère que tu en feras autant !
Comme tu le dit toi même ce genre de course, c’est une prépa spécifique, tu peut pas être prêt pour de l’ultra et à la fois performant sur du court…
Mais bon moi je trouve le chrono plus que honorable.
est ce que tu sais quelle est le rafraichissement de la Vitesse Asc sur le ambit ? (au 30secondes comme sur le 910XT ? )
Pour le rafraichissement, c’est chaque seconde ou chaque minute sur l’Ambit… ca donne des résultats parfois marrants et souvent « faux » d’ailleurs… mais la moyenne reste correcte.
J’avoue qu’il faut une prépa adaptée pour ce genre de course, mais j’y croyais avant le départ ! j’y crois toujours d’ailleurs…
Hey!
Toujours cool de lire tes compte-rendus lors des pauses au boulot! 😉
Merci pour les p´tites lignes!
Bonne récup´ et on y retourne gonflés à bloc l´année prochaine.
PS: J´ai noté: « une kilian » en 2013… Soit 2h34min! J´ai déjà hâte…
la kilian c’est la version « Sierre-Zinal + UTMB »… pas finir en 2h34 !!!
C’était vraiment sympa de partager cette course avec toi, j’espère que je pourrai aller au moins une fois courir en allemagne l’an prochain.
Ça grimp une telle course. Bravo pour la course et pour ton record d’ascension.
effectivement, ca grimpe… et pas qu’un peu !
Content de te revoir passer dans le coin 🙂
Je ne m’y attendais pas du tout à ce record d’ascension, je te souhaite qu’il t’arrive pareil sur le marathon.
Ça m’a l’air quand même rapide pour un randonneur qui regarde le paysage.
Et merci pour les min au kilo. C’est tout de suite plus clair 🙂
Par contre je suis étonné de la fc moyenne du love. Tu commencerais pas à avoir une bonne caisse ?
Le cardio, faut pas regarder les 3/4 de la course, je l’avais retiré rapidement car il me gênait… il a continué à fonctionner depuis ma poche de mon short.
J’ai fait une bonne partie de la course en mode « rando / trail », i.e. courir par alternance sur 100/200m et marcher un temps indéfini choisi au hasard pour le plaisir des yeux.
Je viens de lire ton autre post sur le sujet (l’avant Sierre-Zinal)…wow super course et super CR. Merci! Vive moi l’année prochaine pour une nouvelle édition de Sierre-Zinal!
C’est sur que c’est une course géniale… faut-il encore qu’il fasse beau sinon ca gache le paysage !
Voilà une bien sympathique qui mérite bien un détour par la Suisse. Cela donne vraiment envie, même si le début à l’air hard.
Pour répondre à ta question… OUI, cela donne envie.
Merci pour ce beau CR
Le début est effectivement bien hard et il faut clairement en garder sous le pied pour allonger derrière lorsque le chemin devient plus « plat ».
Je t’encourage à venir courir cette course.
Salut Doune.
C’est marrant, je viens de voir que tu avais fait le tour du canton de Genève, et que tu avais fait Sierre Zinal également.
J’ai repéré la course samedi dernier en mode randonnée, ça me permettra de me focaliser sr la course le 11 août, néanmoins, je n’ai pas du tout les mêmes objectifs chronologique 🙂
Dis moi, tu aurais tes temps de passage aux différents ravitaillement, histoire d’avoir une idée.
Merci.
Ludo
Bonjour Ludo,
Voici quelques chiffres :
Beauregard : 34min13s
Ponchette : 1h27min
chandolin : 1h49min36s
hotel wiesshorn : 2h57min
et plus globalement, ma trace GPS / ambit ici : http://www.movescount.com/moves/move6822466