
On dit souvent qu’il y a des épreuves que l’on ne peut courir, d’autres oui, la course du Duc entre dans cette catégorie. Petit rappel historique : dans la nuit du 11 au 12 décembre 1602, les troupes savoyardes partent à l’assaut de la république protestante de Genève.
La nuit est noire et brumeuse, froide et sans neige. Le plan original est de pétarder la porte de Neuve, afin de pouvoir laisser entrer le gros des troupes. Les Savoyards approchent de Genève en longeant l’Arve, puis en remontant le Rhône, jusqu’à la Corraterie, ceci afin que le bruit du courant et des moulins construits sur le fleuve masquent le bruit des armes et du déploiement des effectifs. Le plan semble se dérouler à merveille et l’avant-garde, composée d’environ 300 soldats d’élite, armés et protégés de cuirasses teintes en noir (pour encore plus de discrétion) escalade la courtine. Puis, très vite, la majorité du contingent savoyard franchit la muraille. Genève dort toujours et semble déjà prise lorsque l’on fait annoncer à Charles-Emmanuel Ier resté à Étrembières, ce qu’il pense être déjà une victoire. Le Duc, lui, dépêche aussitôt des messagers dans toute l’Europe. Pourtant, entendant un bruit étrange, deux sentinelles genevoises sortent sur le rempart et tombent nez à nez avec les assaillants. L’alarme est donnée à 2 h 30, le tocsin sonne, puis toutes les cloches des temples de Genève. Les citoyens se lèvent, saisissent des armes et, en chemise de nuit, viennent prêter main forte aux milices bourgeoises. Même les femmes s’en mêlent.
La bataille fait rage sur tout le front sud de la ville. À cet instant, les mercenaires peuvent encore l’emporter s’ils arrivent à ouvrir la porte de Neuve en permettant ainsi au gros des troupes stationnées à Plainpalais de pénétrer dans la ville. Mais s’apercevant des manœuvres savoyardes, la corde qui retient la herse est coupée et met ainsi fin aux espoirs ennemis. Le gros des troupes reste hors les murs tandis que ceux qui ont réussi à les franchir se font massacrer ou choisissent délibérément de se précipiter par delà les murailles. Au même moment, l’artillerie genevoise s’active et mitraille avec de la caillasse en direction du rempart afin de briser les échelles par lesquelles les ennemis en déroute tentent de fuir. Entendant au loin ce bruit, les troupes stationnées à Plainpalais pensent que la porte de Neuve vient de sauter. Se précipitant alors vers la ville, ils sont reçus par la canonnade.
(source : wikipedia)
Autrement, c’est une sévère défaite pour la Savoie face à Genève et Genève ne manque pas de la fêter chaque année sous forme de festivité dans la ville, considérée même par beaucoup comme la « fête nationale » genevoise. Depuis 1978, une course pédestre populaire à travers la vieille-ville est organisée. Lors de la première édition de la Course de l’Escalade, le nombre de coureurs déguisés est quasi inexistant, la tradition du déguisement ne s’imposant que très progressivement. Ce n’est qu’en 1985 que le déguisement est reconnu, avant d’être institutionnalisé en 1991 par la création de l’épreuve dite de « La Marmite ». De nos jours, la Course de l’Escalade constitue le plus grand événement du genre en Suisse avec pas loin de 25 000 coureurs classés.
En 2002, pour fêter les 25 ans de la course de l’Escalade, et les 400 ans de l’attaque de Genève, la course du Duc est créé, elle se devait être unique mais devant l’enthousiasme des participants conquis par cette balade transfrontalière, les organisateurs ont décidé de la maintenir et l’organiser tous les 5 ans. Cette année, c’est donc la 3e édition, et cerise sur le gâteau, c’est la première fois qu’elle est organisée de nuit, pour faire un clin d’oeil à l’histoire, l’attaque ayant eu lieu de nuit (si vous avez tout suivi).
C’est donc du coté du parcours des savoyards que je prendrais le départ de cette course du Duc, frontale sur le crâne. Pas question de célébrer la victoire côté « genevois ». 😀
Très intéressante l’histoire derrrière la course, je ne la connaissais pas!
Du coup tu ne cours pas la SaintéLyon le lendemain?
J’ai décidé de ne pas participer à la saintéLyon car une préparation spécifique pour cette course rentrait en conflit avec une préparation sérieuse pour la saison de ski alpinisme, qui débute 10 jours plus tard.
Et bien, elle a l’ai bien cool cette course 😉 Je me réjouis de lire ton CR… Bonne préparation et déjà beaucoup de plaisir sur cette course de l’escalade.