Ca fait plusieurs hivers que je vous bassine avec mon ski.. ski de randonnée par ci, ski-alpinisme par là, ski de printemps, ski de novembre… et c’est en lisant un commentaire « made in Quebec » sur un des nombreux récits de course que j’écris que je me suis rendu compte que cette discipline n’était pas si connue que je ne le pensais.
Voici donc un petit guide pour vous le faire découvrir.
Définition
Le ski de montagne, ski de randonnée (ou ski touring dans les pays anglophones) ou ski alpinisme (ou ski-mountaineering) désigne une pratique du ski consistant à évoluer à ski sur des zones non aménagées et pentues (donc sans remontées mécaniques ou sans pistes balisées et damée.
Il s’agit donc d’une autre forme de ski, plus proche de la montagne que ne l’est le ski alpin :
- Avant la montée, on place les peaux anti-recul, ou peaux de phoque sous les skis et on libère l’arrière des fixations. Plus d’informations sur l’article : Tout savoir sur les peaux de phoque
- A la montée, les fixations sont donc mobiles à l’arrière et les peaux anti-recul permettent de remonter des pentes. Elles glissent dans le sens de la montée et bloque le recul dans le sens de la descente.
- Avant la descente on retire les peaux et on enclenche l’arrière des chaussures dans la fixation sur le ski.
- A la descente, on descend comme en ski de piste, ailleurs que sur les pistes.
L’appellation officielle acceptée par l’académie française pour définir cette pratique est le ski alpinisme. Les autres variantes (Ski de montagne, ski de randonnée, ski de printemps, et bien sûr ski-alpinisme de compétition) existent mais elles sèment un peu le trouble dans la compréhension.
Le nombre de pratiquants en France est évalué dans une fourchette entre 55 000 et 85 000 pratiquants, assidus ou occasionnels… Cette pratique se fait partout où il y a des montagnes enneigées.
On retrouve les premières traces du ski-alpinisme dans les années 1770, en Norvège. La pratique sera longtemps réservée aux militaires pour des déplacements en terrain montagneux et c’est à partir les années 1950 que le ski de randonnée prend son essor, avec une vive accélération ces dernières années, avec l’allégement du matériel.
Ca consiste en quoi dans la réalité ?
Le ski alpinisme est un sport complet qui rassemble dans une même discipline :
- les qualités du skieur en descente,
- les qualités de l’alpiniste lors des passages techniques (crampons aux pieds, parfois des passages avec corde !),
- des techniques spécifiques : les fameuses « manipulations » qui permettent de passer de la position montée à celle de la descente et inversement…
- des qualités humaines : savoir choisir son itinéraire, gérer sa course, ses compagnons ;
- des qualités d’endurance
- et enfin une certaine adaptabilité et résistance aux conditions climatiques en montagne pendant l’hiver…
Bref, un sport nécessitant des connaissances pointues de la montagne, de la neige, de la technique pour la descente et un joli petit moteur pour la montée.
Il ne faut pas le confondre avec le freeski ou le ski-freeride, qui consiste à monter au sommet d’une face de montagne ou d’une montagne par une remontée mécanique ou un hélicoptère ou tout autre moyen motorisé et de descendre la pente.
Le Matériel
L’équipement du skieur-alpiniste est différent de celui du skieur alpin. Principalement pour la montée et pour des raisons de sécurité. Au niveau vestimentaire, l’effort physique à la montée et la relative distance avec la civilisation impose de prendre des vêtements de rechange et de suivre scrupuleusement la règle des 3 couches… pour chaque partie du corps.
Cette activité amène à évoluer en moyenne ou en haute montagne et nécessite donc en plus une très bonne connaissance :
- du terrain, ou de la lecture du terrain à partir d’une carte
- de la nivologie,
- des risques sur glacier et des techniques associées,
- de la météorologie en montagne,
Plus globalement, les aspects de sécurité conduisent aussi à s’équiper de matériels spécifiques, qui alourdissent d’autant le portage et accentue le caractère physique et sportif de cette activité.
Pour monter
- Les skis sont très proches des skis alpins, avec en général une structure allégée et une encoche sur l’avant et parfois l’arrière du ski pour permettre la fixation de la peau anti-recul.
- les fameuses peaux de phoques
- Les chaussures ressemblent à celles du ski alpins mais elles sont plus souples et plus flexibles au niveau de la cheville.
- Les fixations se détachent de l’arrière et pivotent autour d’un axe fixé sur le ski à l’avant. Elles intègrent parfois des cales qui permettent de sur-élevé le talon lorsque la pente augmente.
- On peut ajouter des couteaux sur les skis pour éviter de déraper, ce sont des crampons adaptés aux skis.
- On peut aussi être amené à devoir retirer les skis et utiliser des crampons pour les chaussures et un piolet pour continuer la progression. On fixe alors les skis sur le sac à dos adapté.

Pour descendre

- Les fixations doivent être bloquées à l’arrière, ce qui bloque le pivotement avant. Le pied est alors maintenu sur le ski comme pour le ski alpin.
- Parfois les conditions font que l’on ne peut pas descendre par le chemin prévu, une corde peut-être nécessaire pour des-éscalader un passage trop dangereux.
Coté sécurité
Il faut :
- une boussole, altimètre et cartes du parcours sont obligatoires pour se repérer.
- des informations météorologiques et nivologiques
- des équipements de sécurité complémentaires spécifiques au terrain abordé (matériel pour le terrain glaciaire ou rocheux : baudrier, longes, cordes, piolet, casque, broche à glace etc…)
- l’indispensable tryptique ARVA-pelle-sonde regroupe un DVA (appareil de recherche des victimes d’avalanche), une pelle à neige et une sonde à neige ; Plus d’informations sur : Comment fonctionne un ARVA ? (DVA)
- un GPS et un téléphone portable, pour donner une localisation exacte en cas de nécessité pour d’éventuels secours
- une trousse médicale, ça peut toujours servir et ça prend pas de place dans un fond de sac.
- quelques outils légers de réparation : tournevis, scotch américain, couteau suisse, cordelettes…
Afin de différencier la pratique loisir et la pratique sportive, 2 appellations sont utilisées communément. C’est cette démarcation que j’essaie de garder pour ce blog.
C’est difficile ?
L’ unité de mesure pour la majeure partie des randonnées, outre l’aspect technique, est le dénivelé :
- 700 à 900 mètres de montée représente 2 à 3 heures d’effort en randonnées classiques et conviennent parfaitement aux débutants ou aux pratiquants peu entraînés.
- 900 à 1200 mètres de dénivelé nécessite déjà un peu de pratique et un bon entraînement.
- plus de 1200 mètres demande une pratique régulière et une excellente condition physique.
Au niveau de la vitesse de progression, un débutant peu entraîné tournera autour de 250 mètres de dénivelé positif par heure. Il faut savoir qu’avec les skis et les peaux anti-recul, le déplacement est ralenti par rapport à l’été en randonnée.
Un compétiteur de haut niveau tournera autour 1500 mètres de dénivelé positif par heure selon les conditions de neige.
Coté descente, selon l’exposition et la saison, même s’il n’y pas de règles, la neige pourra être poudreuse ou gelée au nord, transformée ou croûtée au sud, soufflée, soupe en fin de randonnée : il faudra donc s’adapter. Il est rare d’avoir des bonnes conditions de neige de haut en bas de la descente.
Les conditions météo, de neige et la forme du moment doivent conditionner le choix de la sortie.
Le ski de randonnée, pour une pratique loisir.
Pas de chronomètre, juste le plaisir d’être en montagne et de parcourir de grands espaces par ses propres moyens, si possible accompagné, parce que le partage, c’est top ! L’itinéraire est décidé la veille puis adapté sur place en fonction des conditions, en concertation. Autonome et apte à juger des conditions de la montagne, il faut savoir adapter son itinéraire et rebrousser chemin si cela s’avère nécessaire.
La satisfaction de l’effort à la montée est souvent récompenser par la vue au sommet.
Un petit exemple avec la vue à 360° au sommet du mont-rogneux, en Suisse.
Le premier qui me dit que ce n’est pas le meilleur moyen de fréquenter la montagne l’hiver, il …. enfin on s’est compris !
Pour en savoir plus…
Le ski-alpinisme, pour une pratique sportive
C’est le versant « performance » de la pratique. Le ski-alpinisme est le terme utilisé pour la compétition mais aussi en terrain moins skiable, où les techniques de l’alpinisme sont déclinées au ski (orientation, couloir en crampon, sécurité sur glacier, passages techniques etc…)
En compétition, y en a pour tout les gouts. Des montées sèches, sorte de kilomètres verticaux à ski, en passant par les courses d’une journée jusqu’aux raids sur plusieurs jours. Y en a pour tout les gouts.
En compétition, les parcours sont imposés, car validés avant le départ des concurrents par l’organisation et des responsables sécurité. Avant une course, un briefing expliquant le parcours est réalisé. Les montées et les descentes sont données sous forme de dénivelés. Ex : une montée de 670 m de dénivelé. Rarement, les indications de distances sont données.
Les montées sont matérialisés sur le briefing avec un tracé vert. Sur le parcours, ce sont des fanions verts qui sont disposés très régulièrement. Plusieurs traces sont disponibles pour éviter que les premiers soient pénalisés. En effet, il est plus compliqué de tracer un chemin dans la neige vierge que de le suivre. Lorsqu’un compétiteur est rattrapé, il doit sortir de la trace si celui qui arrive derrière crie « trace ».
Lorsque des passages sont trop compliqués ou trop raides pour être grimpés avec les skis aux pieds, un portage est réalisé. Le compétiteur mets les skis sur le dos et grimpe à pied. Parfois, les crampons sont nécessaires. Les fanions sont alors jaunes.
Les descentes sont matérialisés sur le briefing avec un tracé rouge. Sur le parcours, ce sont des fanions rouges, disposés très régulièrement qu’il faut suivre.
A chaque changement de couleur de fanions, des zones sont aménagés pour permettre aux concurrents d’effectuer les manipulations. Ex. : retirer les peaux, retirer les skis, mettre les skis sur le dos, remettre les skis…





Pour en savoir plus…
La compétition apporte le coté sécuritaire par rapport à la pratique loisir. Les parcours, en plus d’être balisés et sécurisés pour la course, présentent toujours un aspect particulier : un couloir ou une arête rarement parcourue, paysage extra-ordinaire, traversée de massif…
Voilà, vous savez tout ou presque sur le ski-alpinisme… et si vous avez encore des questions, n’hésitez pas à les partager grâce aux commentaires ci-dessous.
Merci pour la lecture.
(sources : FFME, wikipedia)
Merci. Me voilà renseigner. Ce sport me semble très exigeant. C’est là ton secret de de tes préparations trails en hiver.
Mon secret est exposé au grand jour 🙂
Le cardio est rarement bas dans ce sport, je voulais faire une petit analyse de ce coté là lors de ma dernière course.