
« La TSF Millet est morte, vive la TS Millet », voilà ce que l’on aurait pu dire à la lecture du communiqué de presse qui a surpris plus d’une personne durant l’automne dernier.
Après 10 ans de travail en commun pour l’organisation de la TSF MILLET, les CAF de Faverges et des ARAVIS ont cessé leur collaboration. La dixième édition de la TSF-Millet était donc la dernière « étape » de cette grande course.
Heureusement, l’organisation de la course fût reprise et est né la TS Millet. Sylvain me proposa de participer à cette première édition, toujours dans l’objectif de faire un point de situation dans l’objectif « patrouille des glaciers ».
Après quelques péripéties organisationnelles, on est la dernière équipe inscrite pour la course. Dossard 162 ! C’est donc parti pour 2 jours de compétition. Une épreuve de 2000 m de D+ le samedi, et 1800 m le dimanche !
L’étape du samedi : La tournette
Le profil de l’étape était le suivant :
En arrivant sur l’air de départ, on s’échauffe, on discute… on passe aussi au contrôle DVA et on se retrouve dans la zone de départ. On tourne en rond pendant que l’organisation retarde le départ. 8h, puis 8h15, puis 8h30… c’est finalement à 8h20 que l’on se retrouve en ligne prêt à partir. Une rumeur circule dans le peloton : la course serait changée pour 3 montées : 400m, 200m, 200m. Le micro du speaker est éteint. Tout le monde croit à une blague. Il n’y a pas de briefing officiel avant que le départ soit donné, sans même un compte à rebours. On part avec Sylvain sur la gauche du peloton. On se fait serrer à l’extérieur. Le chemin se ressert. Ca bouchonne. Le but deviendra de ne pas se faire arracher les peaux de phoque ou pire, de casser un bâton, piétiné par un ski d’un autre concurrent. Après 400m de montée, on doit s’arrêter pour dépeauter et attaque une descente digne d’un border-cross avec des bosses et encore des bosses dans une tranchée dans un bois pas plus large que 10 m. La rumeur était donc vraie. C’est bien dommage… on était parti pour 2000 m de D+, on va en faire que 800 et les 400 premiers mètres ont été fait sur un rythme bien plus bas que nécessaire sur ce nouveau format.
Dans la descente, j’attaque ce que je peux, c’est pas facile avec des concurrents qui vont à 1000 à l’heure dans tout les sens… Mais je m’en sors pas trop mal. La perte de temps sur les autres concurrents est de l’ordre d’une à deux minutes maximum. Pour preuve, dans la montée suivante qui nous mènera au sommet de la même descente, on rattrape les concurrents qui nous ont doublé à la descente, sur seulement 200 m de D+. Dans la seconde descente, on se fait doubler par les concurrents qui vont trop vite, ceux qui finissent leur 3e boucle, ça pique mais c’est la vie. Là, c’est plus compliqué pour moi pour descendre. La remontée et la première descente ont eu raison de pas mal de mes forces, mais je me lance et tente d’aller le plus vite possible. Quelques chutes plus tard, je suis en bas. C’est repartie pour la 3e boucle. Même scénario… On double à la montée, on perd les places correspondantes à la descente. Frustrant.
Au final, on se classe 164e sur 170 équipes de la première étape de cette TS Millet.
L’étape du dimanche : la Sambuy
Le profil de l’étape était le suivant :
Levé à 4h40 du matin, on file déjeuné à 5h, pour débuter cette seconde étape à 7h… enfin 7h15, le départ est retardé de 15minutes. Encore une fois, le micro de l’organisation fonctionne très bien jusqu’à 10 secondes du départ. Cette fois-ci, le briefing sera quand même fait, sommairement en hurlant, mais on aura eu quelques consignes d’avant départ. Il faut dire que ces consignes sont importantes car elles donnent des informations sur l’état du parcours lorsque les traceurs sont passés avant que l’on soit lâché. Le départ est donné, on tente une technique « made-in Tanya » en partant à fond sur les 15 premières secondes histoire de se placer dans le peloton et ensuite de trouver notre rythme de croisière. Je me fais un peu enfermé mais globalement, ça marche pas trop mal. Sylvain prend quelques mètres d’avance, que je ne rattraperai pas. Dans le trafic du chemin, un concurrent tente la technique suivante : Je marche avec mon ski sur la pointe de ton bâton pour te ralentir, puis je mets mon bâton entre tes 2 skis pour t’empêcher de passer, puis je passe l’épaule pour te passer devant et enfin, j’ajoute oralement qu’il n’y a pas la place pour être à 3 coureurs de front sur cette portion du parcours. La bonne blague ! Comme si j’allais me laisser faire. Je copie alors sa technique en ajoutant un petit coup d’épaule au passage pour le déstabiliser et ajoute « à 3 c’est sur, ça passe pas ! ». Nan mais !
Bref, on arrive au sommet de la première montée. A peu près 700 m de dénivelé avalé en 42 minutes, on a été plutôt assez vite :). En attaquant la descente, un bénévole annonce une belle descente bosselée. En faite, on va descendre la piste noire de la station dans une combe. Rien de bien compliqué, faut juste aller vite. Je réussi tout de même à « tomber » dans le seul trou au milieu de la piste, m’obligeant à passer sous les cordes. 12 minutes plus tard, (je sais c’est encore long), j’ai descendu les 650 m de la piste en question. Sylvain dira que pour une fois, je descend… même si je ne suis pas encore assez direct dans la pente et un peu trop en arrière sur les skis.
On attaque ensuite la seconde montée du parcours. Sylvain est en forme, il part vite, trop vite pour moi… l’objectif était de reprendre les filles devant nous et ensuite de remonter sur Tanya qui nous avait passé à la descente. Rapidement, je rattrape les filles, les doublent et ressent rapidement un gros coup de moins bien. En réfléchissant, je me rend compte qu’il y a une compote qui traine dans mon sac à dos. J’ai en effet oublié mes barres dans la voiture. Même si je ne mange et ne bois jamais sur ce genre de course, la compote est la bienvenue. Sylvain fait demi-tour et me propose de mettre l’élastique pour aller plus vite. J’accepte. Honnêtement, c’est la première fois que je tente l’élastique et sur ces premiers instants, ça semble fonctionner plutôt bien. On redouble une nouvelle fois les filles et on attaque la montée dans le bois, où la trace devient une mono-trace. Ailleurs, il y a toujours au minimum 2 traces pour pouvoir doubler quand on le souhaite. Rapidement, on tombe sur un bouchon dans le bois. Tout les efforts pour revenir sur les concurrents devant nous ont servi à rien. Il y a devant nous à la file indienne plus de la moitié du peloton. Il faut prendre son mal en patience. En sortant de la zone en mono-trace, des concurrents veulent nous doubler, mais que ça soit nous qui changions de traces pour eux… le rêve éveillé dans le merveilleux monde de disney. Bref, je ne suis pas au mieux alors je répond en mode « ours mal réveillé ». Je vous passe les détails. Sylvain continue de me trainer au bout de l’élastique jusqu’à une petite descente avant le sommet de la seconde montée.
Au sommet, je tombe sur un autre Sylvain, il est un ancien collègue de travail de Paris qui s’est installé dans la région et qui est venu voir la course. Quand on est pas bien, ça fait vraiment plaisir ! A défaut de redonner des forces… En demandant à Sylvain s’il a quelque chose à manger, des fois que cela m’aide à aller mieux, Sylvain me donne une mulebar. J’en avale la moitié en 2 bouchée et range le reste dans la poche de mon collant. Dans la descente qui suit, c’est la fête du slip… enfin je descend, bien et vite. Sylvain ne me prend que quelques mètres… c’est cool ! Bon, ça n’a pas duré très longtemps, j’ai chuté à l’entrée d’un bois et en repartant, je n’ai pas suivi les petits fanions rouges matérialisant la descente. Je me retrouve donc plus bas, sur les traces de la montée que l’on va faire par la suite. Rien de bien méchant… Même si je perd un bâton en poussant pour revenir sur le parcours de la descente. 4 minutes de descente et on attaque la manipulation pour repartir en grimpant.
On remet l’élastique. J’ai vraiment du mal à avancer sur ce parcours. On rattrape petit à petit les concurrents devant nous. Sylvain me fait la réflexion que l’on est bon dernier… Je suis au bout du rouleau. L’écart avec les concurrents devant ne se réduit pas alors que je suis à fond du maximum que je peux donner et que Sylvain tire comme un tracteur. J’en ai la tête qui tourne et je vois même des étoiles quand je dis à Sylvain que je ne peux plus suivre ce rythme. Finalement je repars, sur un rythme presque similaire et je continue de donner tout ce que je peux. On arrive presque en même temps dans la dernière zone de dépeautage pour la descente finale.
Autant la montée c’est un calvaire, autant la descente, j’arrive mieux à gérer sur cette course alors j’attaque… encore et encore… mais les forces me manquent. Je chute une première fois, une seconde fois, une troisième fois… et ce qui devait arriver arriva… en sautant une bosse, je vais m’encastrer dans la bosse suivante. Le ski gauche se plante dedans, le ski droit suit la courbe de la bosse. Grand écart et craque l’adducteur droit. Voilà, ma course s’arrête là. Je n’arrive plus à tourner vers la droite sans douleurs dans la jambe. Heureusement, je suis presque en bas du parcours. On se fait encore doubler par une équipe. Sylvain file chercher un bénévole qui vient à ma rencontre et me propose d’appeler les secours. Je décline car je ne me vois pas abandonner après tant d’efforts, en plus, on arrive sur la piste de ski qui mène à l’arrivée. Je continue comme je peux. Je contourne le dernier champs de bosse avec l’approbation d’un bénévole et fini le parcours par la piste. La veille, en guise de décrassage, Sylvain m’a appris à skier skis collés l’un contre l’autre. J’essaie de sorte à trouver une position de confort pour finir la descente. Ca ne tire pas trop, alors go ! à 15 mètres de l’arrivée, une dernière petite montée à faire en skating. Je ne peux pas, je déchausse pendant que Sylvain négocie avec la bénévole qui veux nous mettre une pénalité parce que l’on ne passe pas la ligne d’arrivée en même temps. Une bonne blague.
Après avoir jeter mes skis et une petite collation, je file voir les kinés. Le constat est sans appel : l’adducteur long droit est touché, il faut faire une échographie pour en savoir plus.
Après le repas, les résultats sont affichés. On est bon dernier, avec 50 minutes de pénalités. L’organisation de la TS Millet a décidé sur ce parcours d’appliquer des pénalités en cas de non-respect des règles, pénalités qui ne respectent pas les règles par contre, car plus courtes… Enfin, bon. Je vais déposer une réclamation pour ces 50 minutes, qui sont l’objet d’une erreur informatique, et seront ramenées à 50 secondes.
Les résultats
Classement du samedi : 164 sur 170 (jeunes inclus)
Classement du dimanche : 146 sur 146
Classement général : 145 sur 146 (160 équipes partantes)
Temps du samedi : 1h30:03
Temps du dimanche : 2h47:51
Trace GPS du samedi : Movescount
Trace GPS du dimanche : Movescount
Résultats en ligne : La TS Millet 2014
Crédits photos : l’organisation et Christophe Aubonnet
50 minutes de pénalités ! C’est énorme. Heureusement, le protêt à fait changer les choses.
50 minutes sur 2h50 d’épreuve… enfin c’était une erreur, corrigée comme il se doit !
Ben dis donc c’est pas vraiment « l’esprit trail » ton ski… Tu peux râler sur la saintélyon ou les courses parisienne ; on se fait les même croche patte finalement 😉
Bon j’espère quand même que tu seras vite remis. Tu as passé ton écho ?
J’ai jamais dit que le ski-alpinisme était un sport gentil… c’est même plutôt la guerre dans les départs et quand cela bouchonne… c’est pas rare de voir des skis cassés, des bâtons brisés, et des peaux se décrocher…
L’échographie a été passée lundi matin : élongation dixit la dame !
Purée, j’habite à 30 bornes et je savais même pas que ce genre de trucs existait 😉
Bel effort !…
la prochaine fois, passe voir en vélo comme ça se passe… même si tu n’aimes pas la neige !