
Première vraie course de l’année, fin janvier, il était temps. C’est grâce à Sylvain que je vais participer à la manche des championnats Suisse nommée : Torgon SkiAlpi.
A quelques jours des championnats du monde à Verbier, en Suisse donc, c’est le top niveau national qui est présent en guise de répétition générale. Cette course se déroule pendant la période de grosses chutes de neige, risque d’avalanche de 4/5… là où toutes les autres courses ont annulés leur édition 2015, Torgon SkiAlpi se déroule sur le 3e parcours de repli, et honnêtement, c’était un super parcours.
Dans ce récit, j’ai analysé la course avec Strava, en bénéficiant de la dizaine de concurrents utilisant ce service. Certes, cela n’est pas la tête de la course, mais avec un temps d’environ 2h-2h15, cela correspond à une place entre la 35e et la 80e… sur 247 !
Maintenant dit, c’est parti pour le récit !
L’avant course
5h30 : le réveil sonne, ça pique sévère même si finalement, c’est son heure hebdomadaire.
6h10 : on farte les peaux avec du fart solide.
6h15 : on part en voiture direction Vionnaz pour récupérer les dossards.
6h40 : dossard en poche, on monte à Torgon. La route est encore enneigée, on monte au pas. L’organisation avait annoncé 30 minutes pour rejoindre la station de ski et le départ. Dans ces conditions, c’était un minimum, surtout quand on cherche sa route.
7h30 : voiture garée, on se prépare à l’arrière de la voiture. Comme à mon habitude c’est le bordel. Je cherche mon casque, mes gants, ma montre, mes clés… en chamboulant tout le coffre 4 fois par recherche. Le soleil se lève et offre un très beau levé de soleil… ciel orange et rosé, c’est trop beau !
8h10 : début de l’échauffement. Il fait froid. Les bouts des doigts brûlent et j’ai du mal à faire passer la douleur. 2 petites montées et descente sur les peaux puis quelques accélérations, avant de rejoindre le contrôle DVA.
8h25 : Contrôle DVA, derrière Maude Mathys, future gagnante chez les filles. On pourra dire que l’on était dans ses skis…
8h30 : Le départ !
Le départ
Le départ est donné. Avec Sylvain, on s’était placé au 3e rang, tout à droite. On part vite et dans le rythme de tout le monde. Je reste dans les skis de Sylvain jusqu’à un peu avant qu’il se relève. Je me relève donc avant lui et un petit écart de 3 mètres s’est formé. Il semble néanmoins accusé le coup de son départ. Je comble ses 3 mètres assez rapidement et passe même devant. Bizarre vu mon faible cumul de dénivelé positif depuis le début de la saison. Enfin je continue.
La première montée
50 m plus loin, je ralenti en tentant de tourner mon bâton monté à l’envers avec la dragonne et le sur-gant. Finalement, faudra que je m’arrête. Sylvain m’a pris 20m. L’objectif sera de conserver cet écart. On sort de la piste de ski pour attaquer un petit chemin menant au sommet de cette première montée. Cela bouchonne un peu, je fais du zigzag pour me faufiler entre les concurrents et gagner quelques places, encore anecdotique à ce moment de la course.
Dans le bois à traverser, je fais glisser les peaux et gagne encore quelques places. Malgré cela, on voit que je perds régulièrement du temps sur la tête de la course. A la manipulation, je dois retirer mes peaux de phoque. Néanmoins, j’avais mis mon coupe-vent ultralight WAA et je n’arrive pas à l’ouvrir avec mes gants, pour accéder à ma combinaison que je dois aussi ouvrir pour y stocker mes peaux. 1er essai, 2er essai, 3er essai, je n’y arrive pas. Je retire mes gants, pose mes peaux par terre, recommence et arrive enfin. Que de temps perdu… Je repars après avoir laissé passer au moins 20 concurrents. Sniff !!
Analyse avec Strava :
Strava est très clair là-dessus. D’ailleurs, mon arrêt pour le gant, à priori après 400m de course n’a pas vraiment d’incidence sur le retard pris. Je perd du temps régulièrement sur la tête de course, sûrement parce que j’étais coincé dans le trafic, même si le retard de 6 minutes aurait pu être réduit à 4 ou 5 au maximum. J’étais tout de même à 880 m/h sur cette montée. Même si les calculs de vitesse ascensionnelle sont foireux avec Strava, Veloviewer me donne une vitesse de 876m/h, donc cohérente sur cette montée. La vitesse du premier sur ce segment est de 1096m/h, soit un déficit d’environ 200m/h.
La première descente
La descente, là où j’attendais de voir si mes progrès étaient enfin d’actualité ou si cela restait encore du domaine de l’entrainement. J’attaque donc cette première descente le couteau entre les dents et trace mon chemin en essayant de rester le plus direct dans la pente. La neige est en grosse quantité et chaque virage est compliqué mais pour la première fois en course, je double des concurrents en descente !!!
Au tiers de la descente, on doit ralentir pour traverser une route, puis passer dans un bois et remonter en escalier une petite pente. On repart dans la pente. Mes cuisses brûlent, c’est affreux. J’essaie néanmoins de ne pas m’arrêter. Je m’imagine Sylvain en bas de la pente, arrêté, m’attendant et me criant dessus pour que j’aille plus vite. Cela sera mon Challenge du jour : descente descente descente !!! Dans les traversées, une seule trace déjà creusée est présente. Tout écart est sanctionné par un violent ralentissement tirant sur les cuisses. Pas facile. Un petit bois à traverser en dérapage latéral et hop, on arrive à la manipulation suivante.
Même si c’est loin d’être parfait, je suis content de ma descente, j’ai pu doubler et voir combien cela est grisant d’être dans la course à la descente. Je ne perds pas beaucoup de place sur cette descente comme j’aurai pu le faire les années dernières.
Analyse avec Strava:
Le retard pris au départ est lié à ma manipulation qui a pris du temps à cause de mon coupe-vent. On voit ensuite que je ne perds que 1minutes sur les tout bons sur le premier kilomètre, not so bad ! ensuite, on voit que je perds du temps le temps de récupérer mes cuisses.. Je pensais avoir bien géré la petite pente à remonter mais même pas. Je perds encore presque 1 minute dedans. Sur les 400 m qui suivent, je suis encore au contact avant de re-craquer totalement.
Bref, on voit que le travail paie, mais il reste encore pas mal de boulot !
La seconde montée
A la manipulation, je jette les bâtons au sol, ouvre mon coupe-vent ou plutôt… tente de… Bon ça me saoule. Je vire mes gants, enlève ce coupe vent et le roule en boule dans ma combinaison. Encore des minutes de perdues… J’accède à mes peaux et après un déchaussage, les collent sur mes peaux. Ce qui est encore plus énervant que je réalise la manipulation très rapidement. Le temps perdu avec le coupe-vent, en haut de la descente comme en bas est préjudiciable car je repars derrière un gros groupe. Ce groupe, je vais avoir du mal à le doubler car il n’y a que 2 traces et les gens skiant l’un à côté de l’autre.
Par ailleurs, après ma première descente, très bien sur le haut et moche sur le bas, je me dis que vu mon niveau du moment, autant en garder sous le pied à la montée et s’appliquer à la descente. Je monte ainsi à une moyenne de 700m/h contre 880 sur la première. Le cardio est sous les 170 puls/min, c’est bien. Au sommet de la montée, on traverse une piste de ski, là, faut pousser sur les bâtons, le rythme change. C’est casse-pattes. Ensuite, premier portage de la course, sur une belle arrête. Rien de technique, les marches sont petites pour une fois et rien de très aérien, il y a des arbres de part et d’autres qui cassent la notion de profondeur dans la pente. On redescend ensuite à pied sur l’arrête direction le ravitaillement. Dans la descente, je laisse passer volontairement un concurrent, qui testera la chute sur le cul. Chance pour lui, ces skis sont restés accrochés au sac, ce n’est pas forcément le cas.
Analyse avec Strava :
C’est juste dingue de voir que j’ai fait entre 500 et 1000 m plus vite que les gens qui ont fini bien bien loin devant moi. Surtout que j’étais parti tranquillement sur cette partie là. Après soit ils ont accélérés, soit j’ai ralenti. En tout cas, j’ai perdu du temps régulièrement, à la lecture de la courbe orange, il est clair que lorsque l’on va trop vite au départ, on explose par la suite.
Sur cette montée, Strava me donne une vitesse ascensionnelle de 681 m/h contre 927 pour le meilleur. Cette fois-ci, le déficit grimpe à 250 m/h. Je n’ai donc ralenti que de 50m/h relativement parlant par rapport à la première montée.
La seconde descente
Encore une fois, je pars plutôt bien et juste avant le premier changement de pente, les cuisses recommencent à brûler. j’essaie néanmoins de garder le rythme et de rester dans la pente, ce qui ne fût pas vraiment pas le cas, au regard de la trace GPS.
En bas de la descente, on remet les peaux et on attaque la 3e montée, la plus longue du parcours.
Analyse avec Strava :
Bon, là, les impressions de course ont vraiment été trompeuses… J’ai pris une pilule sur le premier kilomètre de descente, avec une minute offerte après 200m. Je ne me souviens même plus de ce moment. Après, le parcours devient moins pentu et dans ces longues traversées, je ne perds pas trop de temps, mais ça je le savais déjà.
La troisième montée
La manipulation s’est bien passé. J’ai gagné quelques places dans l’exercice. Je repars tranquillement sur le même rythme que la seconde montée, soit 700m/h de moyenne en mouvement. Après 200 m à plat, l’élastique de la peau de droite s’enlève du ski. Je m’arrête pour le remettre, il repart après quelques pas. Je m’arrête, repart et déchausse… sympa ! Je fini par sortir de la trace pour laisser passer les concurrents, mauvaise idée. Je m’enfonce jusqu’à mi-cuisse dans la neige, un ski encore au pied sur la trace. Finalement, je recollerait ma peau, puis j’ai remis mon ski, avant de repartir, après de longues minutes perdues.
Après plusieurs conversions, on arrive à un dernier joli portage. Les marches sont ou semblent plus hautes que le dernier portage. A mi-portage, on doit passer sur une échelle, échelle posée sur la neige, et maintenue dans la pente avec quelques cordes. Lorsque je monte dessus, elle bouge vers le bas. Je n’ose pas regarder derrière. Les bénévoles assurant la sécurité du passage me rassure : « vous n’êtes que 3 là, tout à l’heure ils étaient 6 sur l’échelle ! ». A la sortie de l’échelle, il ne faut pas glisser dans 5 m un peu compliqué. Je ne suis pas facile car, quelques minutes avant l’échelle, j’ai zippé vers le bas, mon pied d’appui s’était dérobé de la neige sous mon poids. Au sommet du portage, les jambes sont lourdes. J’accuse le coup. Je « prend » mon temps pour la transition et repars rapidement pour la descente.
Analyse avec Strava :
Encore au contact en début de montée, on voit très clairement mon arrêt technique. Après, je perd encore du temps de manière régulière suite à ma limitation en vitesse ascensionnelle. Sur la fin, il semble que je gagne du temps sur la manipulation et le passage de l’échelle. Je doute que cela correspond à une vitesse plus rapide de ma part. Je pense plutôt à des bouchons en course pour ces concurrents là. On peut néanmoins voir que j’ai bien explosé dans la fin du portage final.
Coté vitesse ascensionnelle, 620 m/h de moyenne pour moi, 660 si on retire mon arrêt « peau », contre 924 m/h pour le leader du segment. Encore un déficit de 250 m/h à combler…
La descente sous la remontée
La descente commence par une longue traversée, qui passe bien. Dans la pente, les premiers virages se font. Pas facilement mais ils se font. Ensuite, les cuisses ont hurlés, j’ai tenté de faire comme si je ne sentais rien mais mon corps me le rappellera à travers une jolie chute. Depuis le télésiège, les gens parlent aux coureurs, on est tous dans le dur à ce que je vois. Je m’évertue à ne pas m’arrêter, et tenter de suivre cette trace laissée par les autres concurrents. Tout droit, dérapage, tourner, tout droit, dérapage, tourner… Je me fais doubler par une connaissance. Il file vers le bas de la descente, je cale. En bas de la descente, je fais un tout droit dans un mur de neige. Je m’empalle littéralement dedans. Il doit encore y avoir la trace de mon corps entier dessus… Je m’extirpe de la neige et repars. Encore du temps de perdu. J’étais à la bagarre avec une fille avant de m’empaler, un peu plus bas on doit remettre les peaux pour la dernière montée, j’arriverai quand elle repartira. J’ai encore perdu du temps…
Analyse avec Strava :
Sur la première partie de traversée, je suis bien dans le rythme. Lorsqu’il s’agit de se lancer dans la pente, je marque un temps d’arrêt assez net. Derrière, je prends 5 minutes en 600m. J’étais à la ramasse totale ou quoi ? Je chute en plus. Cela se voit clairement sur ces courbes. La courbe de mon retard ensuite est moins pentue. Je dois être un peu mieux sur la fin, à moins que cela soit les autres concurrents qui accusent aussi le coup. En tout cas, je perds moins de temps par mètres parcourus. Une dernière petite chute et on voit que sur la piste, je maintiens l’écart… normal, c’est tout droit !
La dernière montée
Dernière petite montée d’un peu moins de 200m de D+. Je reprend la fille rapidement, et je m’attaque aux concurrents devant. Mon but ? Repartir en même temps qu’eux pour la dernière descente. Cela est très challenging. Finalement, il me manquera plusieurs dizaines de mètres de D+ pour y parvenir. Ils repartiront de la zone de manipulation alors que j’y arrive. Sniff !
Analyse avec Strava
Sur le graphique, on voit que je perds régulièrement du temps dans cette montée. Rien de méchant donc, je suis juste à mon niveau. Par contre, on voit que je perd 20 à 30s sur la manipulation, que l’on voit clairement avec la chute de la différence de temps.
La dernière descente
Cette dernière descente me rappelle la blague de la TS Millet, des bosses, un parcours plutôt fin en largeur. On redescend vers l’arrivée sur une sorte de crête. J’essaie de rester le plus direct dans la pente mais les cuisses ne suivent pas alors j’essaie de faire au mieux, sans m’arrêter. Enfin j’essaie… En bas de la descente, je perds encore quelques secondes en loupant la trace qui va bien pour arriver sur la ligne d’arrivée.
Analyse avec Strava
Ce qui est cool avec Strava, c’est que rien n’est caché dans la course. On voit clairement les moments où je me suis presque arrêté dans cette descente. La forme en vague est très net à ce sujet. Perdre 1min30 sur 500m est juste hallucinant, même si mes conditions de course n’étaient pas les même par rapport à la tête de course. Gagner ou perdre une place n’avait que peu d’importance dans mon cas, je visais de passer sous les 3h, j’en suis loin…
On voit aussi que j’ai perdu quelques secondes sur le skating final.
L’arrivée
Un dernier petit coup de skating et je passe la ligne d’arrivée en 3h20min56s à la 230e place sur 247 partants chez les hommes. J’ai perdu 5 minutes sur la personne que je connaissais qui m’a doublé à la moitié de l’avant dernière descente. No comment.
Qu’en penser alors ?
Ce n’est pas avec mes 4 000m de D+ depuis le 1er janvier que je pouvais espérer tenir la distance sur cette course, et je le savais très bien. J’en ai donc profité pour me mettre dans un rythme soutenu pour :
- travailler les descentes
- faire du D+
- travailler les conversions et manipulations
Pour le travail des descentes, on repassera mais les autres concurrents ont aussi eu du mal. Sur ce point, je vais donc retenir le positif avec ma première partie sur la première descente et les exercices que je me suis imposés dans les 2 descentes suivantes.
Au total, la montre Suunto Ambit 2 annonce 47 minutes passées en descente, c’est beaucoup trop. Sur les analyses Strava, on arrive au même total. En ajoutant les temps des premiers de chacune des descentes, on arrive à un total de 15 minutes. Etant donné que chaque premier de descente n’est pas le même que pour les autres, cela donne un minimum incompressible pour réaliser toutes ces descentes. Cela signifie aussi que j’ai une marge de gain de 30 minutes en descente sur 2000m de D-. Ceci est donc mon nouvel objectif : gagner du temps sur ces 30 minutes lors de mes prochaines courses.
Autre objectif, passer sous les 200m/h à combler dans toutes les montées, cet objectif est atteignable. Principalement parce que je le rappelle, le leader du segment n’est pas la tête de course.
Pour le D+, 1700m de plus au compteur, c’est pas beaucoup mais c’est toujours ça de pris.
Pour les conversions, c’est tout bon, pour les manipulations… à quelques secondes près si on en réfère à l’analyse strava de la dernière montée. Par contre, j’ai perdu trop de temps sur la première et la seconde et lorsque j’ai perdu ma peau. Au final, c’est presque 12 minutes de perdu sur ces égarements en course.
D’ailleurs, on a pu le voir la course découpée par morceaux sur strava au fur et à mesure de ce récit.
Bref… y a BEAUCOUP de boulot ! mais cela ne serait pas drôle si c’était si simple.
Ce qui est marrant par contre, c’est que si on retire ces 30 minutes de descente et les 12 minutes sur les problèmes techniques, j’arrive à peu près dans les mêmes temps que Sylvain.
Les résultats
Temps total : 3h20min56s
Classement homme : 230 sur 247
Résultats en ligne : ici
Trace GPS : Suunto Ambit 2
Trace GPS : Garmin Fenix 2
crédits photo : facebook officiel de la course
L’analyse est la première étape de la compréhension et de la progession.
Go Doune !
Difficile pour moi d’avoir un conseil ou une opinion sur ta course mais je note quand même des signes de progrès en descente alors que la saison dernière, c’était ta bête noir…
bravo, c’est que le début de ta saison 😉