
L’intégrale du Rogneux a lieu chaque 2 années. En skiant sur les pistes d’Avoriaz, on rencontre Jean-Pierre, mon coéquipier pour les épreuves chablaisiennes, à l’entraînement. Il nous parle de l’intégrale du Rogneux. Je propose alors un peu plus tard à mon frère de la faire ensemble. Il accepte tout de suite. La course se déroule en Suisse, ce qui veut dire une course plus populaire qu’en France, et pas de certificat médical. Parfait ! Le passage chez le médecin pour une course le fait grandement chier…
Le départ est libre, entre 6h30 et 8h. On peut choisir celui que l’on veut, par tranche de 30min. On décide de partir à 7h, de sorte à avoir de la marge sur la barrière horaire. Revers de la médaille, il nous faut partir à 4h30 pour être à l’heure au départ. Alex abîme sa voiture en la garant devant chez moi, la journée commence bien. Dans la voiture, on discute de tout et de rien.
6h, on gare la voiture le long de la route. Une navette nous amène ensuite dans le village, transformé pour la journée en village sans voiture ! Tout ça pour une course de ski-alpinisme… vive la Suisse !
6h30, on est dans une grande salle en train de finir de se préparer, mettre nos dossards, sortir les gants, allumer le DVA… ah oui ! Allumons le DVA ! Rebelote je dirais… Après, la Diablerets 3D, j’ai encore oublié de l’éteindre… La pile est à plat. On part dans moins de 30 min ! Une bénévole ira gentiment chez elle me chercher une pile. Merci à elle !
On file ensuite se placer sur la ligne de départ. Alex me propose de se mettre en fond de peloton. Il n’a nullement envie de se mettre dans le rouge, alors qu’une unique montée de 2000m nous attend. Le Mont-Rogneux culmine à un peu plus de 3 000 m, 3 084 m.
Le départ
Après le traditionnel briefing, le départ est donné. C’est la première fois que je ne pars pas à fond. ça fait bizarre. On plafonne à 500-550 m/h, ce qui laisse toute l’occasion de discuter entre frangin, c’est cool finalement ! Le parcours reprend celui de ma sortie avec Julie, en tout cas à la montée, donc je vais pouvoir conseiller mon frère sur sa gestion de course.

La montée
Ce début de montée se déroule dans un sous-bois, y a pas beaucoup de place pour monter à plusieurs de front et donc de doubler. Stratégiquement, j’ai pris les skis de mon frère, plus large, plus lourd et j’y ai mis une peau de phoque en 59mm de course que je réserve usuellement à mes skis. Ainsi, j’ai la glisse malgré le poids. Mon frère a pris mes skis avec mes peaux de la patrouille des glaciers. On double des petits groupes, se met des challenges à aller chercher le petit groupe devant nous lorsqu’il y a un trou entre. Lors de la première heure de montée, nous avons parcouru 750 m de dénivelé positif, ce qui, dans ces conditions de course est plutôt pas mal. On arrive au premier ravitaillement en 1h15 pour 1000 m de montée, la moitié de la montée totale à couvrir. Les premiers de la vague suivante viennent de nous doubler. En repartant du ravitaillement à la cabane Brunet, le chemin s’arrête et on passe en mode « suis les traces ». Y a plusieurs traces faites à suivre. On est dans les skis de nos concurrents directs. Alex est bien. Après 200m de D+, il commence à devenir tout blanc, le plus dur commence… Les autres concurrents arrivent en masse et nous double dans tout les sens. Dur de savoir si on est dans notre rythme, plus vite, ou plus lent. De mon coté, les peaux en 59mm deviennent compliqués à gérer lorsque la pente augmente. Je demande donc à Alex de me passer les peaux d’origine de ces skis, ceux qui couvrent l’intégralité du ski. Alex repart et prend un peu d’avance. Je le vois pas serein avec mes skis, et il commence à être dans le dur physiquement. Je l’encourage, essaie d’être là pour lui rappeler de manger, de boire. Je sais qu’il a besoin de voir le sommet pour se garder motivé sur le parcours, ce qui n’est pas possible ici. Je lui donne donc des infos sur le nombre de murs à passer et où l’on situe par rapport au sommet. Sa montre, mon Ambit 1, n’a pas été calibré au niveau de l’altitude au départ. Dans un petit mur suivant, il fini à genou, les 2 skis se sont dérobés, les peaux n’ont pas tenu. En plus, il se fait doubler par plusieurs concurrents du dernier départ. On a déjà vu passé Alexis et Didier, suivi d’Idris, puis de pleins de copains des Vorosses….. La vue n’est pas très belle, le ciel est nuageux. Je vois Alex vraiment dans le dur, je lui explique qu’il reste un mur à monter, après le ravitaillement, puis un peu plus plat avant le portage. On décide de changer nos skis, on ira moins vite mais au moins, il sera plus serein. Cela me va. Il commence à avoir froid aux doigts, faut dire que cela caille ! On est en combi, à presque 3000m, pas très vite et y a du vent… le tout en plein mois de février. Je lui passe mes surgants. Entre temps, on a croisé Jean-Pierre au ravitaillement. J’ai été aux petits soins avec mon frère, en prenant le temps de le laisser se ravitailler correctement, puis de prendre des reserves pour la suite de la montée. Son mal de doigts commence à être de plus en plus fort. A la manipulation du portage, là où l’on retire les skis et où l’on les mets sur le sac à dos, un bénévole lui prête ses gros gants bien chauds pendant qu’une autre bénévole lui donne ces chaufferettes. Pendant ce temps là, je m’occupe de sa manipulation.

On continue notre chemin, à son rythme. Il peste donc l’Ambit 1 qui annonce plus de 3150 m de D+, alors que l’on est bien moins haut et qu’il reste encore à monter. Je lui montre le sommet, enfin, à 50m de D+. On touche vite fait la croix en haut et on attaque la descente.
Avec une météo plus clémente, la vue à 360° que l’on aurait dû voir au sommet est celle-ci. Elle date de ma randonnée avec Julie en début de saison dernière.
et si vous êtes curieux, pour connaître le nom des sommets visibles sur ce panorama : sommets visibles du Mont-Rogneux
La descente
Revenons à notre récit. La descente s’effectue d’abord, à pied, avec l’aide de guide qui assure un petit passage compliqué. Des filets ont été tirés entre des rochers, fixé via des mousquetons directement dans la roche, ça ne plaisante pas ! Un peu plus bas, on mets les skis et on attaque la descente. Alex va un peu mieux. Il me rend mes surgants. On aura mis 4h10 pour faire l’ensemble de la montée, 2h55 pour les 1000 dernier m de D+. Dans la descente, les rôles vont s’inverser… il va me motiver et me conseiller comme j’ai pu le faire à la montée. Au début, les cuisses chauffent très fort. La neige est bonne. Je reste focaliser sur « reste dans la pente, fait pas trop de virages, ne t’arrête pas ». Alex m’attendra plein de fois mais on avance, on double même des concurrents, qui nous redoublent et ainsi de suite. Au final, on a peut-être gagné quelques places dans la descente, enfin peut-être pas après réflexion… La neige changera de « très bonne » à « moyenne » puis béton pour finir à « jungle »…. C’est le terme qu’Alex a dit à un bénévole, y a des bouts d’arbustes qui sortent de partout, des cailloux aussi… sans parler des bosses ! Mes amies… Y a rien à dire, y a eu du progrès, je lâche plus mes skis, même si je me rend compte qu’il me manque encore de l’anticipation sur non pas le prochain virage à faire, mais celui d’après. Du coup, j’avance par petits sauts de puce. Finalement, je m’en sors pas trop mal, 1h pour descendre 2000m de dénivelé. On finira le parcours en marchant dans le village, pour finir cette belle journée passée entre frangin.
Si on fait les comptes sur cette descente, je suis loin des premiers qui ont mis que 11 minutes mais je reste dans mon objectif « Strava ».
L’après course
Une fois la ligne passée, en 5h11min, il reste encore 30 équipes sur le parcours. Avec les différentes heures de départ, pas facile de se situer dans le classement, mais l’essentiel est ailleurs : une belle sortie de ski de randonnée entre Frangin. Finalement, on est 164e sur 177 équipes partantes chez les seniors homme. Not so bad !
Les résultats
Temps officiel : 05:11:47.641
Classement Homme Senior : 163e sur 177
Les résultats : Intégrale du Rogneux 2015
Trace GPS : Suunto Ambit 2
Trace GPS : Garmin Forerunner 920XT
Les photos de la course : Gerard Berthoud
Le récit de la randonnée avec Julie : Randonnée à ski : le mont-Rogneux (3 084 m)