
Après le wildhorn (ou Crownedhorn dixit Julie, à juste titre), l’objectif suivant sur la liste était le Grand Paradis, en Italie. Son sommet culmine à 4 061 m, mais il est surtout connu pour être le 4000 le plus abordable (si on omet ceux accessibles rapidement depuis un téléphérique), et sa fameuse madonne à 4 058m.
Topo
- Carte : N° 101 Italienne au 1/25 000 Grand Paradiso-La Grivola-Cogne
- Altitude départ : 1960m
- Altitude arrivée : 4061m
- Dénivelé Total : 2101m
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Type d’itinéraire : aller-retour
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Temps de parcours : classique 2 jours, peut se faire à la journée.
- Temps de montée au refuge : 2 h 15
- Temps de montée au sommet depuis le refuge : 5 h
- Exposition ski : E1
- Cotation ponctuelle ski : S3
- Cotation globale ski : PD
- Pente : 35°
- Orientation principale : W
Accès
Par la route : de Courmayeur, on descend la vallée jusqu’à Arvier, après on monte vers Valsavarenche en passant par Introd, jusqu’au fond de la vallée. Le point de départ pour le refuge Vittorio-Emanuele est au lieu-dit « le pont ».
Présentation du sommet
Le massif italien du Grand-Paradis, voisin de la Vanoise, possède son 4000, il est unique dans ce massif et c’est bien sûr, le Grand Paradis.
La voie normale offre une belle course de neige très classique depuis le refuge Vittorio-Emanuele, qui se déroule sur un glacier suspendu, avec une partie finale sur une arête assez aérienne.
Une autre voie existe aussi, passant par le refuge Chabod (2750m) et rejoint celle de Vittorio-Emanuele sur les 300 derniers mètres de dénivelé.
Description du parcours et récit de l’ascension
La météo annoncée était très variable, en passant par 20 cms de neige à tomber jusqu’à de la pluie en passant par des nuages épais et des cumulus ou même quelques éclaircies… Bref, la loose totale… On avait été mis en relation par James, avec qui j’avais été aux pointes Lachenal dans le passé, avec Denis, un guide italien « tout bon en ski-alpinisme ». Malgré la météo, on tente quand même le sommet, par dépit déjà, car cela fait plusieurs années que je souhaite y aller, et à chaque fois la météo s’en mêle, puis aussi parce que même si on ne peut pas aller au sommet, cela sera l’occasion de me perfectionner et d’initier ma chérie au technique de sécurité en montagne.
En partant de chez nous, il peut des cordes de 30 m, jusqu’au tunnel du mont-blanc. À la sortie, grand beau temps ! On retrouve Denis sur le parking. Il commence par farter nos peaux avec du fart solide… Ça annonce la suite ! La première journée de l’ascension consiste à rejoindre le refuge. Elle se déroule d’abord sur des pistes de ski de fond, puis se déroule dans un second temps en forêt, pour sortir au milieu d’alpages pour les vingt dernières minutes.

L’itinéraire est relativement raide, mais avec quelques conversions, cela passe facilement. Denis en profitera pour nous corriger sur quelques détails, toujours cela de pris…
En sortant de la forêt, le Parc National du Gran Paradiso montre toute sa beauté, avec ses grands sommets locaux : Punta Bianca di Bioula (3427 m), Punta Bioula (3414 m), Ciarforon (3642 m) ou encore la Becca di Monciair (3544 m).

On arrive ensuite au refuge vers 13 h, il est constitué de murs en pierre et d’une toiture métallique arrondie. Le style est plutôt sympa. Il est surtout surpeuplé, on peine à trouver de la place sur la terrasse pour manger un plat de pâtes italiennes. Ensuite, Denis nous propose au choix de : rester au refuge se reposer ou de repartir à ski pour une petite randonnée, histoire de faire quelque chose de l’après-midi et de profiter du beau temps, qui, je le rappelle était plutôt inespéré pour la journée.

On part donc à ski pour 500 m de d+ supplémentaire direction le col de moncorvé (3 294 m) et un nouveau record d’altitude pour ma chérie. La sortie ne présente aucune difficulté majeure, côté PD+. À la descente, la neige est vraiment excellente pour la période et l’endroit. Je m’amuse littéralement à suivre les virages laissés par le guide en tentant de réaliser une trace symétrique à quelques mètres près.


On rentre alors au refuge avec le sourire.


Après une soirée agréable au refuge, au cours du repas, le guide nous rappelle qu’il n’est pas superman et qu’en cas de problèmes, quel qu’il soit, il ne pourra nous redescendre sur ces épaules. Je caricature un peu, mais le message est là, et bizarrement, en mettant ses clients devant leurs responsabilités, en fonction des différents scénarios potentiels par rapport à la météo, cela nous rassurera sur le déroulement de la journée suivante.
La nuit fût comme d’habitude compliquée, un petit lit, un dortoir à 5 lits, l’altitude… le sommeil reste sommaire et léger.
5 h 30, le réveil sonne, ou plutôt, le guide nous secoue… Il nous annonce avoir vu des étoiles dehors, on part donc direction le sommet. Lorsque l’on sort notre petit museau dehors, il n’y a que du brouillard… Bon… on va lui faire confiance. Au pire, on se laisse 2 h de montée pour percer ce plafond nuageux, si cela n’est pas possible, demi-tour à la maison.

La course démarre derrière le refuge. On suit une ligne de niveau direction le début de la montée. La trace suit le lit d’un torrent d’été, sous la neige actuellement, elle se redresse progressivement le long des premiers blocs morainiques. Il y a quelques passages un peu plus pentus, et à la montée, on zippe parfois sur des zones un peu plus glacées que d’autres. Après avoir passé la plus grosse bosse, on se retrouve proche de la jonction avec la trace venant du refuge Chabod, l’autre voie pour rejoindre le sommet. Ici, on mettra les couteaux pour passer un passage délicat. D’autres randonneurs chuteront ou finiront à pied… pas très safe ! Une fois passée cette bosse, il reste une pente un peu plus raide pour se retrouver sur un glacier suspendu assez plat, qu’il convient de remonter jusqu’à l’arête terminale. Là, le guide nous stresse un peu… il y a déjà du monde sur la vire de quelques mètres à franchir, avec la plus grande précaution, afin d’atteindre la Madone. Un gros groupe arrive derrière, il faut donc être parti avant eux, sous peine d’attendre une bonne heure avant de rejoindre le sommet. Rapidement, on passe les obstacles les uns après les autres, doublant même des petits groupes du club alpin italien, qui manipulent beaucoup de corde pour s’assurer. Denis est un peu stressé, mais au prix de quelques raccourcis, on arrive au sommet.

L’itinéraire du retour s’effectue par le même itinéraire. Il nous faut descendre en rappel du sommet. Denis demande : « le rappel, vous maîtrisez ? », Marjo répond « non, jamais », ben c’est l’occasion d’apprendre, en live, à 4000m en plein hiver ! De mon côté, c’est bien différent de la salle d’escalade où il suffit de se laisser tomber dans le baudrier, là, il faut se lancer dans le trou, tout en se retournant. Et vu que je ne suis pas très agile……
On remet les skis, les premiers virages dans la neige sont top. Au fur et à mesure que l’on descend, la neige devient rapidement bien merdique ! Il a neigé il y a peu, la neige a été tracée dans tous les sens, et cela a gelé comme cela… avec quelques plaques de glace par ci, par là pour pimenter le tout. Denis ouvre le chemin pour Marjorie, en faisant des grands virages pour aplanir au maximum la neige/glace. Moi, je m’entraine à la neige de merde, en vue à de futures courses.
300 m au-dessus du refuge, on tombe dans la nappe de brouillard, on finira par rejoindre le refuge en passant par la moraine et surtout, au GPS étant donné que l’on ne voit pas à 10 m !
Au refuge, on finira de remplir nos sacs avec nos affaires, une petite omelette et on remonte sur les skis pour rejoindre la voiture. Dans le brouillard, ce n’est pas génial, on a encore la tête là-haut et il faut faire attention. Avant de retirer les skis pour rejoindre le chemin d’été, on tombera sur une jolie zone bien MERDIQUE ! Il a fait chaud les jours précédents, la neige n’a pas gelé sur sa couche supérieure, mais a fondu par dessous. Résultat, en cas d’appui un peu trop franc, les skis passent à travers la couche pour tomber presque sur le sol. Bref, y a des trous invisibles presque partout et chaque virage, tentative d’aller tout droit deviennent une grosse loterie. Je me mets plusieurs chutes et perds la confiance. J’ai fini en dérapage sur les carres, enfin, en tentant de…
Reste à descendre le chemin, ski sur le sac pour finir par un petit skating pour rejoindre la voiture. Mission accomplie pour Denis, on a été au sommet, on est rentré entier et le sourire est visible sur nos visages pour les jours à venir. Reste la petite bière pour le débriefing et hop, dans la voiture pour retrouver la pluie de l’autre côté du tunnel du Mont-Blanc.
Photos
MERCI à Denis, notre guide, et Marjo d’avoir été là… 🙂
Les traces de la sortie : Suunto Ambit 2 (le sommet) / Garmin 920XT (l’accès à la cabane)