
Alors que mon planning été 2015 était vide comme une page blanche, Frédéric me propose par l’intermédiaire de ma chérie de faire un trail à 2 points UTMB. Il aimerait se lancer sur la CCC l’an prochain… Il me propose alors d’aller à la 6000D, et bien que je n’ai rien contre ce trail, je lui propose plutôt le courchevel X trail. Bien moins de monde, bien moins la foire, bien plus montagneux. Bref, un meilleur choix. 🙂
Me voilà donc avec un objectif et une jolie balade à faire. Reste à reprendre l’entrainement correctement et faire quelques kilomètres avant de se lancer sur un parcours classé parmi les plus exigeants de France. (source)
L’avant course
Alors qu’Aurelien m’a prêté son appartement à Courchevel pour le weekend, on trouve Frédéric et son amie la veille de la course. On les retrouve au restaurant où Frédéric étudie le parcours sur le set de table représentant les pistes de skis. Plus tard, je sors openrunner pour regarder plus en détail le profil de la course et noter les D+ / D- de chaque pente sur un bout de papier.
Le réveil sonne trop tôt le matin, on mange un bout de carbocake cuit au microonde, et donc pas très bon.
Le départ
Le départ est donné de nuit, à 4h du matin. Le parcours est matérialisé par des flambeaux pour débuter. On monte le long des tremplins de saut à ski, puis dans les bois. On part du presque fond du peloton. Je dis « on » car sur cette course, je n’ai rien à gagner et je m’étais dit que d’accompagner Frédéric dans sa quête de ces 2 points, c’était une bonne idée. Rapidement, dans la foule, je perds Frédéric de vue. J’étais devant donc je m’arrête, scrute chaque visage sous la frontale et je ne le vois pas.. Bon ben je repars, je double des concurrents et à la fin de la première partie de la montée, je fais la jonction. Sur la partie plutôt roulante avant la seconde partie de la montée, on trottine. Je calme les ardeurs de Fréd, la route est encore longue et le parcours difficile. Dans le single menant au premier ravitaillement, je peste… un concurrent devant n’avance pas, enfin, si, à 600m/h, mais c’est lent, c’est long… Après une pause pipi / ravito, on repart, avec une petite demi-heure d’avance sur la barrière horaire, pour le sommet du Rocher de la Loze (2 526m) pour un petit arrêt photos de soleil levant. 2h10 après le départ on a parcouru 10 kms.

R1 vers R2
On repart donc direction le fond de la vallée, 500 m environ plus bas. La descente se fait sur un joli single, c’est top. Fréd suit le rythme tout va bien. Il me dépasse même accompagné de 2 coureurs que l’on redoublera dans la montée suivante. Fréd semble caler un peu dans cette montée, ou c’est moi qui ai des ailes… Je m’en rends compte quand je rattrape le mari d’Élisa, avec qui je finis la montée en discutant. Au sommet, j’attends Fréd au ravitaillement pendant 5 bonnes minutes. On repart vers le R3 avec 1h d’avance sur la barrière horaire. D’après un concurrent qui nous explique le panorama sur les sommets et les glaciers visibles, on est large, mais pas trop non plus… On devrait passer la barrière horaire avec 20 à 30 minutes d’avance maxi.
R2 vers R3
Après un joli passage sur une arrête toute en rocher, on attaque la seconde descente du parcours de 600 m de D-. Encore un joli single tout en virage en épingle. La pente est bien raide. Fun fact, le réveil s’est mis à sonner sur mon téléphone, au fond du sac. Il a sonné pendant 5 minutes avant que je me décide à l’arrêter. Je pensais qu’il y avait un mode qu’il l’arrêterait tout seul, mais même pas. Je m’excuse d’avoir brisé la quiétude de l’endroit qui semble être le début du parc national de la Vanoise que l’on doit traverser en partie.
D’ailleurs, sur la plat suivant la descente, que l’on passera en trottinant, on ne trouvera aucune trace de marquage de la course au sol, signe que l’on est dans le parc.
La montée suivante est une vaste blague. Je parle pour le traileur moyen, moi j’ai adoré. On doit passer par un petit col où il n’y a pas de chemin, juste un amas immense de gros blocs de rocher enchevêtrés où l’on passe son temps à monter / descendre d’un rocher à un autre. La fin du col est un petit pierrier avec plein de petits cailloux, qui glissent sous les chaussures. Top !
La descente n’est pas mal du tout aussi. Au début assez raide avec plein de cailloux, ensuite plus adoucis avec un joli single vers le ravitaillement R3. On arrive après 6h44 de course, soit 30 minutes d’avance sur la barrière horaire. Le timing est hypershort. On a bien avancé sans trop regarder le chrono, mais on est loin d’être ridicule et la moindre défaillance physique nous aurait mis hors délai. Suis un peu dubitatif… Est-ce parce que je n’ai pas fait de trail de manière sérieuse depuis l’UTMB 2013 ou est-ce ce trail qui est particulièrement dur sur les barrières horaires ? Question qui restera ouverte…

R3 vers R4
Le premier objectif est donc atteint : on passe la barrière horaire permettant de gagner 2 points UTMB. Reste encore à rejoindre l’arrivée dans les délais, soit avant 14h de course et passer R5 avant 12h de course. Bref, ce n’est pas encore totalement gagné. On attaque une longue montée pour rejoindre le point culminant du parcours : Le passage de Plassa à 2760 m d’altitude. Dans la montée, Fred cale sévèrement. Devant nous, ça n’avance pas des masses non plus… Je pense que tout le monde cherche plus ou moins à récupérer du surrythme imposé par la barrière horaire. Je taquine Fred en lui disant que ma future belle-mère monte plus vite que lui, ce qui ne le fait pas rire du tout. D’ailleurs, au sommet, alors que je réponds à un coup de téléphone de ma chérie, il passe sans même m’attendre le salop ! Bon, moi je suis en forme alors je le rattrape rapidement et on enchaine sur une jolie descente dans un joli pierrier.. Un passage bien technique qui nécessite en plus de descendre une dalle à l’aide d’une corde fixe fixée pour l’occasion. Il n’y a rien à dire, je kiff ces moments-là !

En bas de cette descente, on remonte sur les crêtes du mont Charvet. Lors que j’avais fait le trail de 30 kms, j’avais trop aimé courir sur cette crête effilée avec un petit sentier tortueux de part et d’autre du vide. Très alpin tout ça ! et si on prend aussi le temps de lever les yeux et d’admirer le paysage, le paradis n’est pas loin. À la sortie de l’arrête, on continue direction le parcours du 20 kms pour rejoindre le sommet de la dent du Villard. Au passage, on s’arrête au R4, ravitaillement en eau au milieu de nulle part.
R4 vers R5
En partant du R4, je pars avec une bouteille d’eau donnée par le bénévole. 50 cl, ça fait beaucoup d’un coup alors je garde des réserves pour la suite. Sauf que le bénévole me hèle en me demandant de laisser la bouteille d’eau vide ici. Je lui signale que je comptais la jeter dans la nature après l’avoir fini. Cela va de soit ! pfff… Cul sec du reste d’eau donc et on est reparti vers le sommet de la dent du Villard. Au sommet, des gens qui nous donnent le chemin à suivre. J’appelle ma chérie. Elle était ici sur le trail de 20kms quelques heures auparavant. Fred en fait autant. Reste à descendre en courant direction R5. La partie sympa du trail s’arrête ici. La suite sera une longue descente en épingle sur un sentier large et damé. Le seul truc marrant, c’est que l’on n’est pas sûr d’avoir la barrière horaire au R5 ou à l’arrivée. Il n’y a que 5 kms entre les 2 mais vu la marge que l’on a, ce n’est pas fastoche. On lâche donc les poneys, enfin là c’est moi qui cale et qui ai du mal à suivre le Fred… et on arrive au R5, dans les temps !
R5 vers l’arrivée
Reste donc 5 kms, pas très drôle du tout.. On passe l’arrivée, ensemble, après 11h53 de course et l’on prend les 148e et 149e places sur 212 finishers.
L’objectif est donc atteint. Fred a ses 2 points et moi, je me suis fait plaisir à l’accompagner et à me balader dans la montagne. C’est l’essentiel non ?
Une course qui verra sans doute mes semelles un jour.
Le fait d’avoir pu partager ce moment avec un pote et d’avoir pris du plaisir, n’est-ce pas là le principal ?
😉